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Art Et Yoga

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Bienvenue sur Art et yoga, blog de Valérie Beck,  complémentaire  du site www.art-et-yoga.fr. Vous trouverez dans ces pages de quoi organiser vos séances, découvrir des techniques de yoga, trouver des renseignements sur nos cours par correspondance, et de nombreux autres articles. Diplômée en yoga, yoga nidra, yoga thérapeutique, je suis des études de sanskrit. Pourquoi art et yoga? Parce qu'en parallèle je suis musicienne et danseuse. En Inde, les arts et le yoga permettent d'atteindre Moksha, but ultime de l'art et du yoga!

 

 

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25 mars 2022 5 25 /03 /mars /2022 12:28

L’un des grands objectifs du yoga est d’immobiliser le corps afin que le mental et le souffle s’unissent et qu'une autre dimension surgisse. Ainsi, les gestes des mains appelés Mudra aident à trouver cette unité car les mains sont la terminaison  du mental.  Les immobiliser permet  au mental de faire de même. Si le mental se pose, le souffle qui réactualise sans cesse les contenus du mental, se pose et le mental s'apaise.

Mudra qui signifie joindre, sceller est un terme utilisé pour désigner non seulement les gestes des mains mais toutes les techniques dans lesquels on cherche une unité complète. Les grands mudras opèrent des processus de transformation profonde quand ils sont fait longtemps et régulièrement.

Voici donc présenté succinctement quelques mudra simples mais amplement suffisants pour une pratique de yoga. 

Les Mudras :

  • Jnana mudra : le geste de la sagesse  (jnana : connaissance en sanskrit). Pouce et index sont joints, les autres doigts tendus, soit serrés soit ouvert. Geste utilisé pour la méditation, la concentration, et certaines  postures debout comme l’arbre
  • Chin mudra : même geste mais les mains sont posées à plat. A noter que le terme exact est Chit-mudra ( conscience- geste) mais que par le jeu du sandhi le T devant le M devient N d’où chin mudra.
  • Ganesh mudra : le poing est fermé le pouce replié par dessus. Ganesh réside dans le premier cakra, et assure la stabilité.
  • Anjali mudra : les deux paumes sont face à face, comme en prière. Ce geste utilisé pour être mis en relation avec le cakra du cœur
  • Linga mudra : index, majeur, annulaire des deux mains sont joints et  forment un linga qui repose  contre svadistha. Le linga symbolise la conscience de Shiva.

 

 

En danse indienne, les mudras désignent toute une gestuelle que la danseuse prend en dansant. Les deux dernières phalanges sont peintes en rouge  (Shakti) et bien que la danseuse soit en mouvement, ces mudras scellent le regard du spectateur.

 

D'autres articles à venir pour détailler tout cela.

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30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 11:53

 

Hamsa upanisad

 

         Voici la Hamsa upanisad, dans la traduction de Jean Varenne, avec les commentaires que j'ai rédigés.

 

Ham Sa, c’est à la fois le mantra naturel du souffle, et aussi le cygne, monture de Brahmâ. Il y a donc un jeu sur la double signification du mot.  En sanskrit cela signifie Je suis lui ce qui se prononce SO HAM qui par le jeu du sandhi devient HAMSA, le cygne. Je laisse donc le HamSa ou SO HAM dans sa forme sanskrite  dans ce texte, contrairement aux traductions de Jean Varenne qui traduit par «  oiseau migrateur » ce qui fausse le double sens de ce mot. Mes commentaires ne sont qu’un point de départ à votre réflexion que guidera votre intuition.

Gautama est un personnage lambda auquel s’adresse Shiva. On suppose donc que cet upanisad est reçu par la Shruti, c'est-à-dire que c’est une connaissance «  révélée ». Nombreux textes indiens auraient été écrits sous la dictée des dieux. Il faut bien sûr y voir là non une mystification, mais au contraire un ensemble de textes rédigés par des êtres complètement réalisés.

 

 

Le Sage Gautama,  s’approchant du seigneur, lui demanda :

1.  Toi qui connais toutes les lois,  toi qui sais toutes les sciences, dis-moi, Seigneur Siva, comment éveiller l’esprit à la connaissance du brahman.

 

Commentaire

Pour loi, il faut se référer au mot sanskrit Dharma. Le dharma est plus un  «  ordre cosmique » qu’une loi humaine. Pour sciences, c’est le mot Vidya, qui est une connaissance acquise, un savoir, un enseignement ;  le mot sanskrit Shastras qui signifie un traité qui contient le savoir et auquel on se réfère sans cesse. Connaissance du Brahma donne en sanskrit le mot :  Brahma+ vidya

 

A quoi Siva répondit :

 

2. Apprends d’abord les lois, assimile à fond l’enseignement du Seigneur à la Lance, ensuite seulement Gautama, je te dirai la Vérité, telle que me la révéla la Déesse de la Montagne. 

 

Commentaire : La déesse de Shiva est Parvati, la parèdre de Shiva. Le seigneur à la Lance ( traduction de Jean Varenne)  est bien sûr Shiva et son trident.

 

3 Cette vérité est secrète, on ne doit pas la divulguer ; je la réserve à l’adepte parfait, dont le yoga fait un écrin digne des joyaux les plus beaux. Elle est la connaissance vraie de  SO-Ham et par elle on obtient d’être libre à jamais.

 

Commentaire : Toujours cette importance de garder secret un enseignement ; pour la simple raison que celui-ci perd de son efficacité si l’on en parle et aussi parce qu’il faut vraiment s’engager dans la voie du yoga pour comprendre au-delà du mental cet enseignement qui purement écrit et non mis en pratique ne présente aucun intérêt. Les upanisad restent des sortes d’aide-mémoire dans lequel tout n’est pas dit.

SoHam est Ham Sa par le jeu du sandhi, (règle de sonorité dans le sanskrit) le A avant le H devient un O. Cela signifie «  je suis lui » ; c'est-à-dire que le yogi s’identifie au Soi, au tout, au brahman.

 

4 Je vais donc te dire ce qu’est cette doctrine et ce qu’est le HamSa et la paraHamsa puisque tu es  un novice maître de soi et voué à l’étude. L’enseignement est qu’il faut méditer encore et encore sur l’Oiseau en répétant sans cesse Ham Sa Ham Sa.

 

Commentaire

Le souffle, symbolisé par Ham Sa, son «  bruit » naturel est le Prana, principe de vie qui anime tous les êtres vivants et assure la vie des trois corps physique, énergétique et mental ce qui est expliqué au sloka suivant. Para signifie suprême. On pourrait traduire par cygne suprême. Autrement dit, lorsque le yogi s’est identifié au HamSa et se trouve uni à Shiva

 

5 Il entre en tous les êtres, le Ham-Sa, l’âtman, et devient présent en eux comme le feu dans le bois de friction, comme l’huile dans le sésame ; savoir cela, c’est vaincre la mort

 

Commentaire : c’est la raison pour laquelle lorsque l’on se concentre sur le souffle, utiliser ce mantra sous une forme ou une autre ( SO HAM ou HAM SA) met en vibration le prana dans sushumna et dans toute la structure énergétique ; pour le yoga, le Son a un rôle capital à travers les phonèmes. La notion de spanda est fondamentale : il faut imaginer que le mantra fait vibrer la structure énergétique en vibrant lui-même. Ce n’est pas une récitation creuse mais une activation de l’énergie. Quand nous-mêmes émettons un son ( vocal, instrument) les molécules d’air vibrent et transmettent le son dans l’espace.

 

6 L’adepte, en premier lieu, prend la posture du lotus et teint le souffle qu’il inspire ; pressant ensuite son anus avec son talon gauche, il fait monter le souffle à partir du centre de la base jusqu’à la porte des joyaux non sans avoir conduit le souffle à tourner par trois fois autour du Svadhisthana ; de la le souffle monte jusqu’à l’anahata et le dépasse gagnant la Vishuddi que flanquent deux balles de chair pareilles aux testicules ; tenant toujours le souffle l’adepte conduite alors l’air inspiré jusqu’à l’ajna-cakra et le Brahmarandhra ; méditant, il réalise enfin qu’il est l’un aux trois lettres, Om. Etre pensée béatitude, au-delà de toute forme.

 

Commentaire : description classique d’un souffle conduisant à la méditation: le centre muladhara, les autres cakras, jusqu’au brahmarandhra. Dans notre série, anuloma viloma rapelle cette technique dans une version de base puisqu’ensuite le souffle redescend, qu’il n’est pas tenu en brahmarandra avant de revenir dans le cœur pour s’y maintenir en méditation uni au Soi.

Etre, pensée, béatitude est l’une des grandes triades du tantrisme : sat chit ananda, qu’on associe à deux autres triades : Iccha, Jnana, Kryia (volonté ou désir, connaissance, action) Manas, Prana, Ojas ( mental, principe de vie, énergie vitale des cakras de la base). On le verra en détail plus tard dans la formation.

 

7 Il est le Ham Sa suprême, resplendissant de la lumière de dix millions de soleils, et par qui toutes choses ont été pénétrées.

 

Commentaire : La lumière est l’un des autres grands attributs de Shiva lorsqu’il se déploie à travers son énergie : son et lumière sont des éléments fondamentaux dans la pratique du yoga et toutes les techniques de yoga mettent en vibration le son et la lumière sous une forme ou une autre. Les deux sons vibrations sous forme d’ondes.

 

8 Habitant désormais dans le lotus du cœur, il y trouve huit incitations correspondant à huit pétales ; le pétale oriental incline aux actions pieuses, le pétale d’Agni, à sommeiller, à paresser, et celui de Yama, à agir avec cruauté ; le pétale de Nirrti incite à mal faire, chez Varuni, la Déesse, git la soif des plaisirs, et chez Vayavi, l’envie de voyager ; le pétale de Soma incline à la sensualité, et celui d’Isana à rechercher les biens matériels ; au milieu du lotus git le dégout qui suit la satiété, et les étamines régissent l’état de veille ; le péricarpe, l’état de sommeil léger et l’androcée, le sommeil profond ; quant à l’état quatrième, le Ham l’atteint lorsqu’il a quitté le lotus ; il va ensuite au-delà même de cet état quatrième lorsqu’en lui s’éteint la résonnance qui circulait dans tout le corps subtil du centre de la base jusqu’au Brahmarandhra, pareille au chant d’un pur cristal. Cette résonance dont on dit qu’elle est le brahman, l’âme suprême.

 

Commentaire : «  désormais habitant dans le lotus du cœur » signifie que le yogi a uni son soi au Tout ; dans le cakra du cœur, il y a un autre centre à huit pétales qui est décrit ici ; tous les possibles sont inscrits sur les pétales. Et très intéressant, on voit que le cakra du cœur est lié aux états de veille, sommeil, sommeil profond et que c’est par lui que l’on peut accéder à l’état quatrième Tuyria, qui transcende les trois premiers états.

La résonance est le Nad, le son originel, au-delà de l’audible qui suppose le sens de l’ouïe et qui n’est pas nécessaire pour lui,  d’où s’est déployé, avec la lumière, tout l’univers et qui est le pranava Om. On sait d’ailleurs que le son ne peut se transmettre dans le vide et c’est ainsi qu’il faut le comprendre.

 

10 De ce mantra, HamSa est le Voyant, le mètre la gayatri, le dédicataire  ParamaHamsa, la semence-verbale, Ham, est la syllabe-semence (bija), c’est Lui, So est sa Shakti (son pouvoir)  et HamSa ( So Ham) la pointe acérée : je suis Lui !

 

Commentaire : lorsque HamSa ou SoHam ne font qu’un avec le yogi, ou le yogi avec lui, l’union s’est réalisée.

 

11 Ce mantra, il faut le répéter vingt et mille six cents fois, en méditant sur les six centres de nuit et de jour ; dédiant cette méditation au soleil et à la lune, au seigneur impassible, et au brahman non manifesté ; on incitera, par ce moyen, l’élément subtil et sans forme qui est au fond de nous.

 

Commentaire : cela montre que le yogi n’est plus dans le faire, mais que le mantra se récite de lui-même à travers lui qui a réalisé l’union. Il n’a plus besoin de le réciter, il l’entend comme une résonnance au gré de ses souffles subtils. La voie de Shiva est accomplie, après qu’il a déjà commencé par la voie de l’individu (il récite le mantra sans cesse toute la journée) puis l’énergie prend le relai, et enfin l’union s’est produite. 21600 fois est le nombre de répétitions par jour ; tout montre que le yogi est donc déjà un yogi réalisé.

 

12 On utilise ce mantra pour les rites d’attouchement, commençant par le cœur, on poursuit sur tous les membres en répétant l’interjection rituelle : vausat pour agni et Soma ;

 

Commentaire : ici, il est question des nyasas, massages énergétiques qui sont faits sans toucher ni la peau ni le corps avec les trois doigts d’une main (trident de Shiva) avec association de mantra. Le nyasa sur le cœur associé à un mantra met en vibration l’énergie en l’associant à la pensée.

 

13 A la fin du rite, on médite sur HamSa niché dans la grotte du coeur, c'est-à-dire sur l’âtman ;

 

Commentaire : on retrouve le cœur du cœur, deuxième centre dans ce cakra du cœur ; il est nommé Hrdaya, ( prononcer Hridaya)

 

14 De cet oiseau Agni et Soma sont les ailes ; Om est la tête dont AUM et le bindu du Om sont les trois yeux  et son visage; Rudra et sa parèdre sont les deux pattes ; telles sont les représentations qu’on utilise dans le rite double effectué à partir de la gorge ; l’union étroite entre le Hamsa et le ParamahamSa (soi et Soi)  s’accomplit en deux temps, l’union duelle et l’union absolue.

 

Commentaire : ce passage très poétique est très explicite. Le nyasa peut aussi s’effectuer sur la gorge ( Vishuddi) pour purifier le centre de la parole et qui est aussi lié  l’éther et au son.

 

15  En conclusion de ce rite, l’ajapa mantra cesse là où commence l’au-delà de la pensée.  (Unmani qui signifie absence de pensée)

 

Commentaire : En sanskrit le «  a » placé devant un nom et appelé privatif annule le sens du nom. A-japa se traduirait par non-récitation. Il n’est donc plus nécessaire de réciter le japa ( HamSa ou Soham) puisque cela se fait maintenant naturellement, l’union étant accomplie de l’âme individuelle avec l’âme universelle.

 

16 On peut aussi réaliser le son en répétant le mantra dix millions de fois ; le son se manifeste alors de dix manières comme suit : on entend d’abord chin, puis en second chini, chini ; la troisième sonorité est celle d’un cloche ; la quatrième d’un conque ; la cinquième d’un corde ; la sixième d’une cymbale, la septième d’une flûte, la huitième d’un tambour, al neuvième d’une grosse caisse, la dixième enfin est celle du tonnerre.

 

Commentaire : chin- chini – ( qu’on prononce tchin-i) est un des sons «  inaudibles » qui rend le corps léger. Ici sont décrites les différentes étapes du déploiement du son.

 

17 Il faut négliger les neuf premières sonorités et concentrer son attention sur la dixième qui est celle du tonnerre.

 

Commentaire : ici, la présence d’un maître pour «  sauter » les 9 premières étapes est nécessaire. Le texte ne le dit pas explicitement bien sûr.

 

18 A la première sonorité le corps de l’adepte sonne Chin Chini ; à la seconde, ceci disparaît ; à la troisième le lotus du cœur est percé ; à la quatrième, la tête tremble, à la cinquième, le palais suinte ; à la sixième, on boit l’ambroisie, à la septième, on voit le mystère,  à la huitième, on entend la parole, à la neuvième, le corps devient invisible, et s’ouvre l’œil divin, sans souillure, il devient le brahman à la dixième réalisant l’union de l’âme et du brahman.

 

Commentaire : sont décrits ici les différents Siddhi ( pouvoirs) atteints dans chaque palier. Les tremblements, le nectar lunaire, le percement du cœur, les pouvoirs de claire vision et claire audience,  la percée du cœur et de Urna, les tremblements, etc  sont des éléments qui reviennent toujours avant la réalisation du Soi et que le yogi doit négliger pour ne pas perdre son objectif qui est précisément cette union.

 

19. Dès lors, et par cela même, le mental individuel est détruit qui est la source des pensées et désirs comme des images et constructions mentales ( sankalpa et vikalpa) ; alors, de la cessation de ces deux activités de l’esprit mais aussi de l’extinction des actes positifs et négatifs, naît la transfiguration du disciple en SadaShiva, ( littéralement le toujours Shiva) le révélateur qui resplendit de la nature de Shakti l’omnipénétrante, qui est par essence splendeur radieuse qui est l’immaculé, l’éternel, le pur et le Om suprêmement paisible.

 

Commentaire : l’influence tantrique est claire dans cet upanisad qui n’a que faire des yama et niyama (préceptes pour accomplir de bonnes actions) puisqu’il s’agit littéralement de transcender l’incarnation ; le mental disparaît au profit d’une transmutation et SadaShiva.

 

 

En conclusion : il est important de garder à l’esprit le rôle qu’un mantra peut jouer dans une pratique même si notre visée, dans nos cours, est bien plus modeste. Il faut aussi penser les mantras en termes d’énergie sonore « vivante » et pas comme des syllabes vides. Vous savez, comme le «  Abracadabra » des contes de notre enfance : le magicien donnait vie à la formule. C’est exactement la même chose avec les mantras. Cela donnera plus de vie et de résonnance à votre pratique !

 

A lire aussi sur ce blog dans la rubrique la minute sanskrit  :  Bija et mantras

Une autre upanisad ( extrait) avec commentaire kundalini upanisad

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 10:10

Om ou Aum ????

 

  ou   औम्  ????

 

j'ai pu écrire cet article grâce à ce convertisseur d'écriture latine en devanagari  et Xavier Negre. ( Cliquer sur le lien).

Aujourd'hui, je vous propose quelques mots d'explications sur l'écriture de ce bija-mantra célèbrissime  ainsi que sur le processus qui a fait que l'on est passé  d'un Om simple à un AOM,  avec o doublé ; j'explique aussi pourquoi l'on a graphiquement une écriture très particulière. La symbolique de ce bija-mantra sera expliqué dans un autre article.

Om réunit toute l'essence de l'univers, de sa création à son déploiement, parce que les sons, les vibrations, (spanda - स्पन्द् ) y jouent un rôle fondamental et que pour la philosophie indienne, les lettres de l'alphabet contiennent toute l'énergie et l'essence même de cette création.

 

En sanskrit, le M est nasalisé en fin  de syllabe ; il peut s’écrire म्  c'est-à-dire la lettre  Ma, moins le a qui est symbolisé par    un petit trait vers le bas qui «  supprime » la sonorité A, il ne reste que le son M fortement nasalisé, c'est-à-dire qu’on utilise les résonateurs au niveau du nez. D’ailleurs, le sanskrit est très musical et utilise de nombreux résonateurs du visage (palais, gorge, lèvres, nez, dent) comme on utiliserait différents modes de jeu sur un instrument de musique.

Cette consone nasalisée s’écrit par un point si un mot ou syllabe suit celui-ci. 

 

Exemple  Ram : qui est la voyelle sanskrite ra + le M nasalisé

 

             रम्  s’écrira    रं  ram si un mot ou syllabe le suit.

 

Tout cela pour comprendre la transformation du AUM

 

 

Le son O comme dans rose, s’écrit  

Pour avoir le son Om il faut donc lui rajouter un m nasalisé  soit   ओ   + म्

Ce qui donne                                      ओम्

 

Mais il semblerait qu’au fil du temps le O de ce bija qui represente rien moins que la totalité de l’univers ait été déployé en diphtongue, c'est-à-dire un son « AO ». En français nous n’avons guère de diphtongue sauf dans le cas de maïs par exemple. Là, ça sonne comme le mot  Tao

 

En écriture devanâgari, on rajoute une petite barre en l’air sur le mot, qui ressemble à une sorte d’apostrophe pour obtenir cette diphtongue :   े  son simple devient     ै

 

Notre O  ओ  devient औ  A-O qu’en translittération on écrit AU

 

Notre OM devient donc AUM ; voici le processus d’écriture qui donne le fameux 

 

   Au     :      औ

+ M      :       म्

 

= AUM :   औम्

 

Le  म् est supprimé et remplacer par le point  ं  ( anusvara)  औं

 

On simplifie l’écriture   de la diphtongue + l’anusvara  en  ँ 

En ajoutant le deuxième petit trait du AO sur le côté

 

Ce qui donne    अँ  Il ne reste qu’une étape, la barre verticale s’incurve ; on obtient alors 

 

 

C'est-à-dire le son a-o-m qui est le déploiement du Om d’origine. Il semblerait que ce Om d’origine ait été allongé en diphtongue au fil du temps, au cours des récitations de ce mantra.

Ces mantras sont de l’énergie sonore pure qui agit directement sur les trois corps, puisque en eux sont contenus l’essence même de tout l’univers.

Dans un 4ème article, nous parlerons de la symbolique de chaque phonème A U M

art-et-yoga©2022

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                                 Ganesha écrivant le Mahabharata sous la dictée du sage Vyasa - photo du film de P Brook

Cet article est le 3ème d'une série d'articles consacrés aux correspondances entre phonème, bija, et univers.

  • Voici le premier : yoga, son, vibration, cosmos et divin
  • Et le deuxième : bijas en mantras : l'alphabet sanskrit à la lumière de la philosophie tantrique : Ham-Sa et Aham
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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 10:27

 

 

Qui est Mahakala ?

 

Mahākāla est un ce qu’on appelle en sanskrit un bahuvrihi qui est analysé de plusieurs façons différentes ; voici la première proposition

1) Il serait composé de mahā "grand " et kāla "fragment de temps ", dont le nom signifierait littéralement «  grand temps » avec l’idée que ce temps est si «  vaste » qu’il est infini et le dépasse ou bien se trouve comme en dehors de lui.

Kāla काल, en sanskrit est un espace de temps, une fragmentation de temps et aussi une unité de temps qui corresponde à 144 secondes. 

2) La deuxième proposition est que son nom serait composé de Mahâ dont le sens ne change pas, mais cette fois-ci kâla  signifie « noir ».  Il devient en quelque sorte un proche parent de Kali la parèdre de Shiva, dite déesse noire (le I est féminin et le A est masculin) qui porte une couronne de crânes.

Dans cette optique, Mahâkalâ devient également un parent proche du dieu de la mort indien Yama.

Malgré les nuances qui changent au gré des  traductions, il y a dans de nombreux textes l’idée forte, puissante, de grande rupture, de fragmentation, de mort. On dit aussi que Mahâkalâ est au final l’une des représentations de Shiva, de la grande conscience, et du Pralaya qui apporte la dissolution de tout ce qui a été construit.  Au moment de la mort, Shiva vient prendre la vie de l’individu, mais c’est aussi le passeur. Il existe comme vide absolu d’où sa parenté avec Talucakra, ce cakra qui se trouve sous l’occiput et qui absorbe et dissout dans certaines techniques des vieux schémas, de vieilles énergies dans le vide.

Il a donc un double aspect, puisqu’il peut tout en prenant la vie, délivrer le mantra du passage.

Dans toutes les traditions, il y a des gardiens du seuil, du passage, et les connaître permet de pouvoir négocier avec yeux. Chez les Grecs, par exemple,  Charron est aussi un passeur même si son rôle est différent et Cerbère est un gardien du seuil. La mort est également abondamment représentée. Au Moyen-âge, pendant  la grande Peste, on la représentait avec une faux.

En yoga comme en yoga Nidra, ce qui est intéressant, c’est d’avoir soi-même sa propre représentation de la mort sans qu’elle soit absolument  un  homme ou une femme. Il est bon aussi pour travailler en yoga sur la mort,  de  permettre à cette représentation d’englober le pire comme le plus suave.  Le but est de pouvoir s’habituer à l’idée de la mort et de pouvoir surmonter la peur qu’elle génère afin d' être plus serein le jour où elle viendra nous chercher.

On dit que Mahâkalâ est attiré de deux façons : soit par les êtres ordinaires qui respirent, soit par ceux qui sont sans air. Dans ce cas, s’il se présente sur des rétentions à vide, il  n’y a pas obligation de nous emmener dans le monde des morts et on peut alors discuter avec lui. Il peut alors donner la connaissance de la vie dans la mort. C’est pour cela que dans certaines techniques de yoga ou yoga Nidra, on travaille des rétentions de souffle très puissantes à vide, afin de le voir apparaître, de surmonter sa peur, de s’habituer à lui et de pouvoir lui demander le mot de passe pour traverser une porte étroite. Ce peut être un moment douloureux de la vie, un deuil, une mue, puisque nos sociétés sont vides de toutes formes de rites aujourd’hui. Il permet alors de passer une porte étroite, gardée comme elles le sont toutes, par le gardien du seuil qu’il est lui-même.

Mais cela peut se faire aussi au moment de la mort, lors du râle de l’agonie, si l’on est prêt.

Nos sociétés sont dans une contradiction absolue en mettant la mort en scène à travers des reportages ou des films, et en même temps, vieillesses et morts sont occultées car nos sociétés sont  tournées  vers la quête de la jeunesse éternelle et de l’immortalité.

 Le yoga permet d’aborder cette peur fondamentale qu’est la peur de la mort, dont découlent toutes les autres peurs, à travers Mahakala. Cela demande bien sûr de la maturité et une foi  absolue en la vie et en soi-même, comme faisant partie d’un tout plus vaste.

Dans la série 13 de la formation de yoga nidra que je propose, de nombreuses techniques autour de mahakala et de la mort sont proposées. Cette série porte un nombre symbolique, celui de la transformation, et est proposée après la fin de la formation, car elle demande beaucoup de maturité pour faire face à la mort.

Dans son film le 7ème sceau, Ingmar Bergman met en scène  la Mort et le Chevalier qui jouent une partie d’échecs pour retarder précisément la mort du chevalier, car la Mort est venue la lui prendre et le Chevalier tente de négocier.

 

 

 

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5 octobre 2021 2 05 /10 /octobre /2021 08:10

 

Bibliographie

(Liste complétée au fur et à mesure de mes découvertes)

 

Quand on pratique le yoga, de façon intense et passionnée, on a ensuite vite le désir d'en savoir plus. Il y a aujourd'hui tant d'ouvrages qu'il est difficile de s'y retrouver d'autant plus que, suivant les écoles, tous n'ont pas tout à fait les mêmes façons d’appréhender le yoga, certains lui faisant même perdre son origine spirituelle.

Voici donc aujourd'hui quelques ouvrages que l’on peut relire plusieurs fois au cours d’une vie et qui  peuvent même l’accompagner. Je ne mets ici que les plus importants à mes yeux. Lilian Silburn reste ma référence absolue car tous ses textes sont imprégnés d’une connaissance et d'un mysticisme « en directe. » Certains ouvrages sont des textes traditionnels – comme les upanisad, le Vijnana Bhairava -   d’autres ne parlent que de yoga et de pratique, d’autres de sa philosophie, d’autres encore de vie mystique. Certains parlent de bhakti yoga, d’autre comme la bhagavad gita expose à travers un dialogue mythique entre Arjuna et Krishna ce qu’est le Jnana yoga. D’autres enfin sont des échanges (Maharshi), des biographies ou des récits de vie. (Lizelle Raymond). Tous, à mon humble avis, enrichissent la pratique personnelle et la vie, tout simplement.

 

Lillian Silburn : citons parmi mes préférés

  1. Traduction et commentaire du Vijnana Bhairava tantra
  2. La Bhatki
  3. Traduction et commentaire d’une partie de La lumière sur les tantras d’Abhinavagupta. Commencé par Lilian et terminé par André Padoux.
  4. La Kundalini

Sur la vie de Lilian, le très beau

  1. Lilian Silburn, une vie mystique

Christian Tikhomiroff

  1. Le banquet de Shiva, consacré à toutes les techniques de yoga selon l’école Natha.

Jean Papin

  1. La voie du yoga. Le yoga dont il est question ici n’est plus tantrique ; il appartient à la tradition de Patanjali.

Tara Mickael et Pierre Feuga

  1. Le yoga, dans la collection que sais-je pour faire le point et mieux comprendre toutes les formes de yoga.

Sri Anirvan

  1. Antara yoga

Martine Bultex

  1. 108 upanisad (traduit de l’anglais, ce qui est un peu embêtant car les mots sanskrits sont donc traduits à partir de l’anglais)

Jean Varenne

  1. Les upanisad du yoga ( mais Jean Varenne de fait pas de yoga, c’est un sanskritiste, donc parfois certains mots sont traduits suivant ce qu’il pense qu’ils veulent dire, comme âme par exemple.)

Ajit Mookerjee et Madhu Khanna

  1. La voie du tantra

Lizelle Reymond

  1. Pèlerinage vers la vie et la mort
  2. La vie dans la vie

La bhagavad gita

  1. The holly book of hindus : le livre est en anglais  pour avoir le texte original  en sanskrit
  2. La bhagavad-gita : collection classique poche,  en français, avec texte original mais translittéré ce qui en rend la lecture pas très facile.

Un livre sur les échanges de Maharshi

    17. L’enseignement de Ramana Maharshi

 

Arthur Avalon

  1. La puissance du serpent

André Padoux

  1. Comprendre le tantrisme

Jean Klein

    20. Qui-suis-je?

Personnellement, il n’y a aucun livre sur le yoga Nidra que je trouve intéressant ; j’ai moi-même commencé la rédaction d’un ouvrage sur le sujet qui va me prendre encore pas mal de temps, au moins deux années je pense.

 

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3 octobre 2021 7 03 /10 /octobre /2021 09:08

 

 jnana mudra, geste également utilisé en danse indienne.
jnana mudra, geste également utilisé en danse indienne.

L’un des grands objectifs du yoga est d’immobiliser le corps afin que le mental et le souffle s’unissent et qu'une autre dimension surgisse. Ainsi, les gestes des mains appelés Mudra ou les fixations oculaires appelées Drishtis sont-ils des outils supplémentaires pour permettre cette unité. Si vous vous observez dans la journée, vous verrez que les yeux et les mains sont toujours en mouvement.

Les mains sont la terminaison  du mental. Vous avez tous observé des gens qui parlent beaucoup avec leurs mains…. nous les utilisons souvent pour compléter nos discours, décrirent, donner plus de force, de vie à nos propos. Les immobiliser permet donc au mental de faire de même.

Quand aux yeux, on dit traditionnellement que là où va le regard va la pensée. Si on immobilise le regard sur un point, le mental s’y fixe aussi. Par ailleurs, la vue est liée au cakra Manipura, qui gère aussi différents états du mental. Ainsi, un regard concentré en un point immobilise le mental si on y reste au moins 5 minutes.

D’ailleurs, au-delà de toutes les techniques de concentration, la plus simple mais aussi la plus efficace quand on a quelques années de pratique, est de fixer un point sur le mur en assise et d’y rester. On bascule en général au bout de 15-20 minutes dans le vide et la méditation pointe son nez.

Voici donc présenté succinctement quelques mudra simples et quelques drishtis de base. 

Les Mudras :

Jnana mudra : le geste de la sagesse  (jnana : connaissance en sanskrit). Pouce et index sont joints, les autres doigts tendus, soit serrés soit ouvert. Geste utilisé pour la méditation, la concentration, et certaines  postures debout comme l’arbre

Chin mudra : même geste mais les mains sont posées à plat. A noter que le terme exact est Chit-mudra ( conscience- geste) mais que par le jeu du sandhi le T devant le M devient N d’où chin mudra.

Ganesh mudra : le poing est fermé le pouce replié par dessus. Ganesh réside dans le premier cakra, et assure la stabilité.

Anjali mudra : les deux paumes sont face à face, comme en prière. Ce geste utilisé pour être mis en relation avec le cakra du cœur

Linga mudra : index, majeur, annulaire des deux mains sont joints et  forment un linga qui repose  contre svadistha. Le linga symbolise la conscience de Shiva.

Les Drishtis :

Pour les yeux, il y a trois grandes possibilités :

  • soit le regard est posé sur le bout du nez en Nasagra (bout du nez) Drishti
  • soit le regard fixe un point à l’horizon quand ils sont ouverts (comme pour l’arbre)
  • soit le regard fixe un point à l’horizon quand ils sont fermés, entre les deux yeux par exemple,  au niveau des sourcils, ce qui les obligera à converger légèrement, en Bhrumadhya, Bhru désignant la pierre frontale.

A noter qu’en sanskrit Bhrumadhya signifie froncer les sourcils.

  • Soit le regard converge tout en haut et en arrière en Shambhavi

 

Shambhu est l’un des noms de Shiva qui en possède plusieurs. Shambhavi est ce qui se rapporte à Shiva. On trouve parfois une association faite entre Durga et Shambhavi, comme étant l’une des énergies de Shiva. Toujours est-il que ce geste qui se fait aussi yeux fermés est réputé pour apporter le bonheur. Il n’est pas la fixation entre les sourcils  MAIS  BIEN PLUS haut et légèrement en arrière.

Ces mudras et drishtis sont  intégrés à toutes les techniques de yoga. Les débuts sont toujours difficiles et balbutiant puisque à ces gestes des mains et des yeux sont ajoutés les bandhas. Mais ce sont eux qui scellent l’énergie et transforme le yogi en alchimiste : la magie peut commencer.

 

A noter d'ailleurs que Mudra qui signifie joindre, sceller est un terme utilisé pour désigner non seulement les gestes des mains mais toutes les techniques dans lesquels on cherche une unité complète. Les grands mudras opèrent des processus de transformation profonde quand ils sont fait longtemps et régulièrement.

En danse indienne, les mudras désignent toute une gestuelle que la danseuse prend en dansant. Les deux dernières phalanges sont peintes en rouge  (Shakti) et bien que la danseuse soit en mouvement, ces mudras scellent le regard du spectateur. Un autre article expliquera cela.

 

 

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4 mars 2020 3 04 /03 /mars /2020 11:02
Moi à 44 ans

( photo 2006)

La pratique du yoga au fil du temps…comme maintenir tamas, rajas en harmonie et accueillir sattva.

 

 

Il est assez rare que l’on commence le yoga à 20 ans et si on le fait, la plupart du temps, c’est dans une recherche de souplesse avant tout. Mais avec le temps, le corps perd de son élasticité, puis  l’endurance cardio passe progressivement de 220 pulsation minute à environ 170 vers 55 ans. Si l'on danse ou que l'on fait du sport, il faut apprendre à travailler autrement et renoncer aux grands sauts, ou bien au compétitions sportives  qui emmènent le cœur au delà de ses possibilités. (Pour un calcul simple, on retire son âge de 225 pulsation, si on a 55 ans par exemple, il ne faut donc pas rester à  170 pulsations minutes ni dépasser ce point de repère sur un temps trop long, sinon le cœur s’épuise et peut conduire à une «  crise cardiaque ». )

 

C'est là que le yoga peut jouer un vrai rôle dans la vie de tous les jours!

 

1) Pour commencer, le yoga aide dans ces deuils successifs car   ce sont des deuils. Des pertes progressives. Le yoga apprend sur le tapis à écouter sa voix intérieure, à écouter sa vibration profonde, à éveiller l’observateur impassible qui  regarde avec bienveillance toutes ces mues successives, et aide à trouver peu à peu le détachement. Beaucoup de gens vivent les transformations hormonales en prenant des hormones d’appoint ou toutes sortes de choses, sans écouter le corps lui-même, et en se mettant des œillères pour ne pas voir les choses trop directement en face. Le yoga est donc  vraiment précieux, à l’heure où l’image et la jeunesse sont omniprésentes dans nos sociétés. Le yoga apprend à vieillir et à l’accepter, mais sans baisser les bras. Au contraire, il accompagne  ce processus naturel et prépare peu à peu au rendez-vous avec la mort.

 

2) Deuxièmement, les asanas peuvent toujours être pratiquées avec la même intensité intérieure, même si le corps perd de sa souplesse et/ou de sa force. On ne fera plus les grandes flexions arrière comme à 20 ans, mais, installé dans une posture, on a tout le loisir  de continuer à  observer comment l’énergie et le mental s’unissent pendant la tenue des asanas. On observe aussi qu’on est de plus en plus à l’aise dans l’immobilité.

 

C’est que rajas qui domine l’enfance et la première partie de la vie de l’individu, - cela explique pourquoi les enfants sont toujours en train de sauter, de bouger, de s’agiter, et que le pire qu’on puisse leur infliger, c’est de les immobiliser sur une chaise 7 heures par jour, comme en France, à l’école !  Ou même, le pire qu'on puisse leur faire, c'est de leur faire faire du yoga! Ce n'est pas pour eux, pas tout de suite! -  rajas, disais-je s’efface peu à peu pour laisser la place à tamas. Et c’est là que le yoga joue encore son rôle : ne pas laisser tamas endormir voir momifier le corps jusqu’à lui faire perdre la mobilité. Beaucoup de techniques permettent de garder l’équilibre entre les trois gunas. Ainsi, s’il est plus « difficile » de se mettre aux postures,  on est tout heureux d’entrer sans peine dans les longues pratiques méditatives grâce à ce coup de pouce de tamas, car rajas s’effaçant, il est à présent plus aisé de rester immobile, pour peu que l’on pratique le yoga depuis plusieurs années déjà, car il faut aussi que le mental ait été pacifié, sinon, on est immobile, mais le mental lui, saute comme un singe dans tous les sens !

Les mudras et le pranayama ne sont pas affectés par l’usure du corps. Puisque tout se joue sur le plan de l’énergie et que celle-ci est indépendante du corps physique.

Ainsi, le yoga permet de continuer sa route, malgré un corps physique qui vieillit peu à peu. Après, comme toujours, tout le monde est différent, sans doute certains garderont certaines facilités physiques, pour d’autres, ce sera plus difficile, c’est là tout l’héritage génétique ; si vos parents ont eu de l’arthrose, de l’ostéoporose, des problèmes de hanches ou de genoux, sans doute ne serez-vous pas épargner, mais là encore, le yoga ralentira le processus. Même chose pour le vieillisement oculaire.

 

Mais me direz-vous, on ne fait pas du yoga pour entretenir la jeunesse du corps ? Si ?

 

Je répondrai : comment voulez-vous continuer la pratique du yoga passé 60 ans si précisément le corps ne suit plus ? Donc, il est important de conserver le potentiel de ce corps physique. Bien sûr, on pourrait axer sa pratique uniquement sur les mudras, le pranayama et la méditation, c’est vrai. Mais puisque la possibilité est offerte de converser un corps en bon état, il serait dommage de renoncer aux asanas, ces pièges à énergie qui préparent si bien les mudras. La méditation, elle, amène ces états sattviques indescriptibles!

 

Enfin, cela explique pourquoi je n’aime pas ces idées de «  yoga pour les seniors », parce que cela est un concept occidental, une fois encore. Si on débute le yoga à 60 ans, bien sûr qu’il va falloir adapter beaucoup de choses, mais si on le pratique depuis dix, quinze ou 20 ans, voire plus, on continuera intelligemment sa pratique, le yoga est du yoga, et il n’y a pas plus de yoga de la femme enceinte, que de yoga senior.

Il y  l’union de la conscience et de l'énergie pour aller vers le Soi.

 

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19 avril 2018 4 19 /04 /avril /2018 13:58

 

Cela semble curieux, à l’heure ou les blogs, sites et vidéos fleurissent joyeusement sous le doux soleil du printemps et qui présentent des pratiquants heureux  sur la plage, dans un champ de fleurs, sur une terrasse, souvent face au soleil  en train de faire leur yoga!

 

Mais suivant les écoles de yoga – et chacun doit trouver la bonne, n’est-ce pas, comme dit le vieux proverbe, il s’agit de trouver chaussure à son pied -  on peut aussi aller complètement à l’inverse de cette tendance, se mettre dans une toute petite pièce, avec une minuscule fenêtre dont on tirera le rideau,  ou bien fermer ses volets si la pièce est grande et faire sa pratique sans ouvrir les yeux pendant toute sa séance.

On enchaînera donc les postures, les mudras,  puis on fera du pranayama et on finira par la méditation, sans jamais relever ses paupières, que la séance dure une demi-heure ou trois heures. Cela veut dire avoir dégager suffisamment d'espace autour de soi, pour pouvoir faire les postures, s'asseoir, changer de position, sans se cogner dans les meubles ou autre. Cela veut dire aussi avoir à portée de main son coussin de méditation si vous en utilisez un. Et tout cela sans jamais UNE SEULE FOIS n'ouvrir les yeux!

 

Pour quoi ?

 

Et bien précisément, pour entrer plus profondément dans son intériorité et trouver sa lumière intérieure. Il est fort possible que les premières fois, vous soyez tenter de rouvrir les yeux, de regarder l’heure, ou de jeter un regard plein de regret sur les volets qui barrent la route au beau soleil du printemps.

Mais si vous persistez un peu, c’est à l’intérieur de vous que la lumière va se révéler, à tel point que parfois, vous aurez l’impression que quelqu’un a allumé un halogène puissant dans votre pièce de pratique.

Le yoga est plein de sons, de vibrations, et de lumières et cette façon de faire rend le pratiquant plus sensible à tous ces mouvements de l’énergie, jusqu’à basculer, peut être lors de la méditation dans le vide.

 

En procédant ainsi, vous serez à même d’observer beaucoup plus finement tout ce qui traversera votre séance – Notez bien que je ne dis pas «  tout ce qui se passera » car vous resterez ainsi l’observateur tranquille et bienveillant de votre pratique.

De plus, s'habituer à faire sa pratiques les yeux clos transforme en profondeur les repères de temps et d'espace... de belles découvertes à la clé, sans doute, avec de la persévérance!

 

Et au moment de rouvrir les yeux, vous serez tout étonné d’être là, dans ce monde qui semble tout à coup figé, (comme les jouets qui s’immobilisent sitôt que les enfants se réveillent) , alors qu’il dansait lorsque vous aviez les yeux fermés.

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19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 09:10
La kundalini : quelques points de repère

D’après Lilian Silburn, André Padoux, Tara Mickael, Christian Tikhomiroff

 

 

Kundanlini : ce mot vient du sanskrit Kundala qui désigne un bijou en forme d’anneaux (boucle d’oreille ou bracelet)  On dit qu’elle ressemble à un serpent qui repose à la base de la structure énergétique enroulée trois fois et demi sur elle-même, déversant tant qu’elle n’est pas éveillée son poison.

Le trésor de Kundalini est l’immortalité, d’où de nombreuses légendes sur le barratage par exemple de la mer de lait par les dieux pour l’obtenir, forçant le pauvre Siva à boire le poison qui est dans le même moment remué et menace de supprimer tout le monde ! Il en a gardé la gorge toute bleue !

Le serpent de connaissance et de sagesse, capable de passer du démon au divin – se retrouve dans de très nombreuses mythologies indiennes, Khmers ou autres sur le continent asiatique. Il suffit de se rappeler la légende du bouddha et du serpent aux quintuples capuchons qui après l’avoir menacé, le protège.

 

La Kundalini est l’énergie cosmique qui gît, latente, en chaque être humain. Elle ne peut véritablement surgir des profondeurs pour s’éveiller totalement, que dans le contexte d’une vie mystique, intense, ou graduellement les trois voies ont été atteintes puis traversées. La plupart du temps, elle dort, et tout le monde avec, mais à défaut de pouvoir l’éveiller totalement, on peut l’éveiller en partie : c’est déjà un immense bonheur ! Le hatha yoga est l’une des voies, mais ce n’est pas la seule.

 

Kundalini est  une énergie consciente qui a deux aspects :

Pranique, elle anime et régit la vie de tout ce qui vit.

Sous son aspect virya,  son énergie est d’une intensité indicible.

Ces deux aspects émanent eux mêmes de la vitalité profonde, Ojas, l’une des triades propres au système trika par exemple. L’énergie virya se retrouve dans toutes les ferveurs, qu’elles soient amoureuses, artistiques, ou mystiques. Pour traduire ce terme, il faut recourir à plusieurs mots : effort, enthousiasme, diligence, intensité. Virya est tout cela à la fois.

 

Dans le Kundalini Yoga, le but ultime est d’éveiller cette énergie ; mais que l’on ne s’y méprenne pas : on a fort peu de chance en tant que modeste pratiquant d’y parvenir. Les yogis qui consacrent leur vie à cette quête n’y parviennent d’ailleurs pas tous ; c’est dire que la belle endormie ne se laisse pas si facilement réveiller ! D’autant qu’elle ne se manifestera que si la pensée s’est évanouie et  le cœur devenu pure vibration.

D’après Lilian Silburn,  une vie mystique, vibrante, toute entière tournée vers cette quête, doit aussi prendre en compte le principe de la Grâce. Elle aurait souhaité développé beaucoup ce sujet dans son dernier ouvrage qui concerne  le Tantraloka d’Abhinavagupta, mais est partie avant d’avoir entièrement terminé ce dernier projet, que André Padoux, un proche de Lilian, a achevé à sa place, sans savoir ce que Lilian Silburn avait dans la tête, et renonçant donc à s’exprimer sur cette question.

 

La kundalini : quelques points de repère

La littérature actuelle pullule de récits d’éveils spontanés, faisant croire que cela n’est pas du tout réservé  à une petite élite.  Notre monde actuel préfére aujourd’hui l’effet à l’effort – en ce sens, il va en courant contraire de l’énergie Virya !-  Ces textes  d’éveil spontané qui décrivent des mondes merveilleux trouvent nombres de lecteurs complaisants persuadés qu’il existe des recettes toutes faites pour éveiller kundalini, notamment par des pratiques sexuelles.  Si tel était le cas, notre monde serait un vrai paradis, car les plus belles qualités d’amour, de lumière et de conscience seraient merveilleusement répandus et nous baignerons tous dans des vibrations subtiles et légères.  

Hors il n’en est rien : la plupart du temps, les récits  de  « bonne volonté » prouvent simplement qu’il n’y a bien eu un éveil, mais un éveil partiel, car le véritable éveillé qui a transcendé ce monde n’a cure d’en faire un récit : à ce stade, les énergies du yogi s’étendent à l’univers entier… et il utilisera cette puissance sans que personne ne le sache, répandant sa lumière  sans en faire de publicité.

 

Le yoga de la Kundalini, sans même conduire jusqu’à  l’éveil de celle-ci, permet cependant bien souvent d’éveiller un peu les plus belles qualités de lumière et de cœur. Ce yoga permet aussi de découvrir les différentes voies et de passer d’une voie à une autre et parfois aussi de tâter de la troisième lorsque l’intuition mystique commence à s’éveiller un peu. Sans éveiller complètement Kundalini, le terrain est préparé, déblayé, purifié, permettant au pratiquant de goûter bien des joies.  Car Ananda est l’essence même de Shiva…

Les trois voies sont :  

La voie de l’individu : c’est le stade premier, celui dans lequel l’individu utilise sa volonté pour faire les choses, souvent avec difficulté ; mais si l’enthousiasme est là, tôt ou tard, il sentira la voie de l’énergie se manifester de temps à autre et peut-être même un jour se trouvera-t-il entièrement portée par elle…

Dans la  voie de l’énergie,  qui est le deuxième stade, celle-ci prend le relai, et l’individu conjugue ses efforts à l’Energie qui vibre à présent si intensément, que celle-ci  à un moment donné agit à présent d’elle-même et «  fait  faire » à l’individu ; dans une pratique régulière de yoga, il n’est pas rare que l’on passe sans arrêt de l’une à l’autre des deux voies. Le jour où l’on prend conscience que  « le faire se fait sans qu’on fasse tout en faisant »  tandis que le mental s’est tu, est déjà d’une très grande jouissance.

La troisième voie,  voie de Siva, est  la voie divine où la volonté personnelle s’est coulée dans la volonté divine : à ce stade, il y a eu fusion totale et éveil total de Kundalini.

Mais, même sans atteindre cette troisième voie, il n’est pas rare là aussi que le pratiquant sente de temps à autre cette voie se manifester  et s’ouvrir à lui dans sa pratique ou sa vie quotidienne ; c’est souvent fugace, toujours instable, mais juste magique.  

 

 « Concrètement », on peut dire que Kundalini  qui est vibration, déploie l’univers en ondes successives,  des plus subtils au plus grossières  (ce qui est décrit dans un texte comme le Samkhya par exemple) ; avec l’éveil, la résorption se fait en sens inverse. C’est en se tenant au point d’équilibre des deux courants opposés que la dualité s’évanouit véritablement.

 

 

Kundalini, lovée dans le cakra de la base,  ne donne à l’individu que ce qu’il lui faut chaque jour pour mener sa vie de pashu, c'est-à-dire d’individu asservi faisant partie du troupeau.

 

Quand elle s’éveille, elle monte de centre en centre, par le canal central. Encore faut-il que tout soit bien préparé, que le pratiquant ait correctement préparé Sushumna et purifié les principaux centres que sont les cakras. Il faut que la structure énergétique soit solide, et prête à cette ascension fulgurante.

Si par malheur celle-ci n’a pas été correctement préparée, et que l’apprenti-sorcier-yogi arrive tout de même à la réveiller, elle va se dresser mais ne pouvant être dirigée vers le canal central, elle brisera anarchiquement toute la structure énergétique, y causant des dommages irréparables aussi bien sur le plan psychique et mental que physique. 

 

 

La kundalini : quelques points de repère
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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 09:12

 

 

 

Cet article n'a pour but que de donner quelques clés sur l'un des textes de yoga qui peut accompagner une pratique régulière toute une vie.  D'autres articles de ce type sur d'autres textes suivront.

L'étude complète de ce texte est commentée  dans les séries 5 et 6   des   cours par correspondance  que je propose.

 

upanishads-du-yoga-jean-varenne.jpg

La Kundalini Upanishad

 

 

L’upanisad qui porte ce nom est la réunion de trois textes très différents dont seul le premier correspond au titre de l’œuvre.   

Il existe deux traductions en français, l’une de Jean Varenne (1971) et une autre de Martine Buttex, publiée dans un énorme ouvrage qui réunit 108 upanishad.  Elles étaient autrefois en ligne ; elles en le sont malheureusement plus aujourd’hui.

Il est intéressant de lire les deux traductions qui présentent des variantes.

 

Le but que propose cet Upanisad est d’atteindre le Samaddhi, état béatifique dans lequel Shiva (la conscience) et Shakti (l’énergie) sont unies. Shakti étant bien sûr Kundalini, ce mystérieux serpent lové à la base de la colonne vertébrale après qu’elle ait fini son travail de création et qui s’en ira à notre mort en emportant tout car les cakras disséminés le long de la colonne vertébrale seront percés les uns après les autres, le tout bien sûr en un instant fulgurant.

 

Ce texte donne donc les moyens de l’éveiller Avant la mort en utilisant le souffle,  pranayama, qui est la technique la plus importante. C’est par la maîtrise de la rétention que celui-ci peut faire le travail d’éveil.

 

Comme toujours, le texte est obscur volontairement afin que seul les initiés, les pratiquants puissent l’utiliser comme un aide mémoire plutôt que comme un guide que l’on suit à la lettre. Il y a toujours une volonté de rendre les textes flous car la transmission était, dans ces temps reculés, orale, de maître à élève  après que celui-ci ait été accepté. Le secret sur cette transmission était souvent absolu ; des textes ont toutefois été écrits mais de façon  sibylline  pour que le secret reste total.

 

Ce texte décrit sommairement les pratiques nécessaires à la réussite de Samaddhi ; elle rappelle les étapes préliminaires, comment raffermir Saraswati – autre nom de la Sushumna– décrit quatre types de respiration, puis  les bandhas. Puis elle parle des obstacles à la réalisation de ce programme. Elle évoque aussi la montée de Kundalini – qui vient du sanskrit Kundala qui veut dire bracelet, boucle d’oreille, à cause de ses triples boucles et demi  - dans le canal central jusqu’aux mille pétales où elle s’unit à Shiva. Tout le travail qu’on fait en yoga n’est au final qu’un travail préparatoire pour cette union (qui pour la plupart ne se réalise en fait jamais…)

 

 

L’essentiel du texte avec les slokas correspondants :

 

 

C’est le souffle qui active l’ensemble des souvenirs hérités, c’est le souffle qui peut tout changer, c’est ce qui est dit dès les deux premiers slokas et tout le travail du pranayama va être de purifier l’ensemble de ces contenus hérités pour préparer le travail suivant

 

1 : Les deux causes par lesquelles l’esprit fonctionne ou ne fonctionne pas sont d’une part l’ensemble des souvenirs hérités (le karma) et d’autre part l’air qu’on inhale et exhale inconsciemment.

 

2 : Si l’une de ces causes disparaît, toutes deux deviennent automatiquement inopérantes. Il faut donc veiller au «  bon fonctionnement » des deux mais surtout s’efforcer de maîtriser la respiration.

Ce travail suivant, c’est, bien avant de songer à éveiller Kundalini, d’affermir Sarasvatî, c'est-à-dire de préparer Sushumna qui est le canal central dans la structure énergétique, le long de laquelle se trouvent tous les cakras.

 

8 : Si l’on veut réussir cela il faut affermir la Sarasvatî par où montera l’Energie lovée et s’exercer à la tenue du souffle, l’éveil de la Shakti est à ce prix.

 

 

Les Sloka suivants décrivent le travail à faire sur les canaux latéraux Ida et Pingala  pour préparer Sushumnâ – technique de pranayama comme Nadishodana.

C’est la raison pour laquelle on met ce souffle au programme des débutants, car son apprentissage, lorsque l’on est simple pratiquant, est long et difficile. Mais sans lui, il est vain de vouloir viser autre chose. Et on laisse ce souffle longtemps au programme, tant que les canaux ida et pingala ont besoin d'être purifié. Si on pratique une fois par semaine, on le fera donc toute sa vie...

Dans l’idéal d'une recherche de samadhi, il faudrait le pratiquer trois fois trois ghatika au matin, à midi, et la nuit pendant trois mois, soit trois fois 25 minutes fois 3  par jour environ, c'est à dire pendant quatre heures environ. En plus du reste.

On obtient peu à peu la purification que promet ce souffe en le travaillant régulièrement pendant des220px-Sapta Chakra, 1899 mois

Puis le texte dit qu’il faut déjà conduire la Shakti à l’orifice de Sushumna avant de songer à la faire monter. Et là, les techniques pour y parvenir vont être décrites.

A cela s’ajoute le travail sur la triple contraction : gorge, ventre et anus : les trois Bandhas afin que les souffles vitaux ne se dispersent pas n’importe comment

Ces souffles sont les cinq vayus, localisés dans des centres énergétiques et qui régulent différents types d’activités et d’énergie – Prana, Udana, Samana, apana, Vyana

 

Au Sloka 17, un point de repère est donné : l’affermissement de la Sarasvatî s’accompagne de l’audition du son intérieur ; le pratiquant sait donc que lorsqu’il entend un son intérieur en continu qui varie de puissance et peut s’effacer mais s’intensifie dès qu’il pratique, c’est que le travail d’affermissement a commencé :

 

17 : L’affermissement de la Sarasvatî s’accompagne toujours de l’audition du Son primordial et guérit le Yogin.

 

 

Pourquoi la Sushumna ? Parce que c’est la seule qui peut supporter cette montée sans que tout ne soit immédiatement détruit sur le passage de la Kundalini. Elle est faite pour ce passage, et reste vide et creuse avant.

 

Au Sloka suivant jusqu’au 21, sont expliqués qu’il faut combiner différents souffles entre eux dans le calice ( c’est l’endroit où s’effectue la rétention) ; commence le long et minutieux travail de rétention des souffles, dont la visée n’est pas la performance mais un travail d’alchimiste : changer la fréquence vibratoire de toute la structure énergétique, toujours dans le but de préparer Sushumna

Les souffles cités sont :

Le Bhastrika, Shitali, Ujjâyin, et Surya Bedhana peuvent être envisagés avec de longues rétentions seulement après que Sushumna soit préparée

 

 

Puis après cette description au langage caché comme toujours dans ces textes, suit des Sloka très importants :

 

40 : A ces modes de contrôle du souffle

 

41 : Il est bon d’associer les trois contractions musculaires de la base, du volant et du porteur des lacs.

 

42 : La contraction de la base oblige l’Apâna à inverser son mouvement, grâce à une contraction de l’anus.

Les consignes sont claires : faire des souffles ne suffit pas, si les trois contractions ne sont pas ajoutées. On les connaît, ce sont les trois " verrous", les trois bandhas, sans lesquels il est vain de faire de yoga : mulabandha, jalandhara bandha et uddyana bandha : base, ventre, gorge.

Afin, une fois encore d’obliger les vayus à s’unifier ; sans cette pratique et cette maîtrise, éveiller Shakti est possible mais  le résultat totalement illusoire car rien ne sera ni maîtrisé ni contrôlé. Ele s'éveillera peut être mais dans le chaos et le désordre le plus total.

 

 

On comprend là aussi tout le travail à faire sur les vayus qui règlent le corps énergétique.

 

Vient ensuite la description de la montée de Kundalini au Sloka suivant :

 

43 : L’apâna au lieu de descendre, monte et atteint l’endroit où brille le feu intérieur l’amenant à grandir et à s’accroître.

 

44 : Alors, le feu ainsi attisé, uni à l’apana au cours inversé, parvient là où gît le souffle intérieur ; Il s’enflamme et embrase le corps tout entier.

 

45 : L’énergie-lovée, réchauffée par le feu ainsi allumé par le souffle, s’éveille et se dresse en sifflant comme un serpent qu’agace le bâton du charmeur ; elle entre alors dans la Sushumna par son orifice inférieur

 PE013 circulation-prana

 

Dans les slokas suivants – 48 à 50 - des postures sont conseillés pour accompagner cette montée : la posture de la foudre, qui peut être précédée de la posture de la pince, pashimottanasana - à condition de ne pas faire monter Kundalini plus haut que le ventre, car il convient ensuite pour qu’elle continue son ascension à prendre une posture assise

On voit à quel point ces textes s’adressent à des yogis aguerris et pas à de petits apprentis sorciers

Pour le pratiquant plus modeste, ce texte donne des points de repère essentiels pour comprendre sa pratique en profondeur et donner du sens à ce qu’il fait


Puis des souffles à faire ; c’est un véritable «  mode d’emploi » mais bien évidemment incomplet (46 à 55 -

Dans les Sloka suivant,  -56 à 60 - il y a une énumération qui montre tous les obstacles à cette réalisation ;  cela va du manque de fois au manque d’énergie, de volonté, à la dispersion, à l’attachement encore à ce monde.

 

Les Sloka suivant (61 à 69) la montée est décrite, ainsi que le percement des trois granti : Brahma granti, (animalité) Vishnou granti (personnalité) et Rudra granti (conscience)

 

Là, l’ascension n’est pas finie : Shakti boit l’Amrita avant de finir sa course

 

73 : Libre de tout appétit sensuel, ferme en son yoga, l’adepte concentrant son attention sur cela absorbe alors cette ambroisie comme un sacrifiant boit le soma et par là s’établit à jamais dans la conscience

 

Puis, dernière étape pour Kundalini, atteindre le mille pétale ce que décrivent les slokas 74 et suivant

 

Le texte reviendra une fois encore sur cette description comme en concentré et concluera  de façon sublime puisqu’elle montre que l’homme peut échapper à sa condition de Pashu, c'est à dire faisant partie du troupeau. Le troupeau signifiant qu'il suit le mouvement, sans pouvoir rien faire pour allumer ne serait ce qu'une petite lumière pour éclairer sa vie. Il la vit dans un état de nuit totale, ligoté corps et âme par ses granthis, ses vies antérieures, ses conditionnements, son éducation, la société dans laquelle il vit, son héritage génétique, ainsi de suite, sans rien pouvoir faire du tout...

Même si un sur 100000 seulement atteint cet état, ce possible est dans chaque être humain, qui, par un travail sur ses énergies via le yoga ou tout autre outil de son choix, peut cheminer sur un chemin tout autre que celui du conditionnement et de la lente déchéance du corps vers la mort et la maladie. Chaque être humain porte en soi sa part magique et sa part divine ; il ne tient qu’à lui de l’éveiller, mais rien qu’un tout petit peu, pour donner saveur et conscience à son petit tour sur terre et se rappeler son origine divine.

 

74 :L’énergie lovée monte ensuite jusqu’au centre aux mille pétales, elle abandonne alors les huit éléments, l’eau, la terre, l’air, le feu, l’espace, la pensée, l’intelligence, l’ego. S’emparant de la lumière, de la pensée et du souffle, les tenant étroitement embrassés, elle atteint la conscience (Shiva) ; s’emparant enfin de Shiva lui-même, elle se dissout dans le cakra aux mille pétales !

 

75 : alors, à cet instant même, les deux principes fondamentaux de l’individu, l’activité et la lumière se dissolvent à leur tour en Shiva ; se dissolvent aussi les deux formes du souffle vital,  l’inspiration et l’expiration qui ont atteint leur point d’équilibre. Le yogi soudain  devient gigantesque cependant que s’amenuisent en lui les éléments de la personnalité ainsi que la pensée et la faculté de parler.

 

76 : Les souffles s’agitent en tous sens, comme l’or en fusion dans le creuset de l’alchimiste. Le corps grossier se mue enfin en sa forme divine.

 

77 : Débarrassé de toutes entraves, délivrées de l’état de stupeur où le maintenait sa condition captive, le corps subtil resplendit.

 

78 : Il est fait de pure conscience, il est l’essence même de la personne puisqu’il n’est autre que le Soi présent dans tous les êtres.

 

79 : C’est là, dit on, la véritable délivrance qui libère du karma et du temps, apparences pIndeSerpents3.JPGareilles à l’illusion qui fait prendre une corde pour un serpent.

 

 

Afin de bien   comprendre cette fin de texte, il faut être familier avec la philosophie du Samkhya qui considère  l’ego, l’intelligence, la pensée comme des outils au même titre que les sens  qui sont littéralement "abandonnés" avec l’éveil de Kundalini. C'est à dire que la personnalité toute entière est anéantie, elle disparaît.

Tous ces éléments figurent au rang des tattvas.

 

Le texte dit aussi clairement que le Soi est dans chaque être humain, tous sans exception

Autrement dit, une part divine est en chacun des êtres vivants

 

87 c’est cela la vraie délivrance, par elle on échappe au karma et l’on connaît la béatitude !

 

 

 

Le mot de la fin :

 

Ce mode d'emploi en abrégé de l'éveil de Kundalini et que l'on peut trouver en ligne avec les commentaires de Martine Bultex ( traduit de l'anglais)  ouvre la porte sur le merveilleux

Il n'est bien sûr pas question pour l'homme ordinaire de pouvoir réaliser ce programme mais s'il peut déjà éveiller un peu la belle Kundalini endormie dans le premier cakra, il verra sa vie se transformer complètement. 

D'autres parts, ce texte qu'on peut avoir sous la main lors de ses propres pratiques, est à lire et relire jusqu'à le connaître par coeur, parce que ce sont ces textes là, précisément, qui donnent tout leur sens à une pratique personnelle : on comprend pourquoi il faut sans relâche travailler sur ida et pingala, affermir la sushumna, la chauffer, la préparer, faire les verrous, maîtriser les souffles, pourquoi pashimottanasana vient toujours dans les premières postures...

 

Je vous laisse méditer sur ce texte donc voici le lien: 

http://www.lesconfins.com/YogaKundaliniUpanishad.pdf

Vous pourrez télécharger et imprimer le texte pour l'avoir sous la main

 

Ou bien vous procurer celle de Jean Varenne comme l'image ci dessus, traduite du sanskrit et non de l'anglais par lui même

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