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Art Et Yoga

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Bienvenue sur Art et yoga, blog de Valérie Beck,  complémentaire  du site www.art-et-yoga.fr. Vous trouverez dans ces pages de quoi organiser vos séances, découvrir des techniques de yoga, trouver des renseignements sur nos cours par correspondance, et de nombreux autres articles. Diplômée en yoga, yoga nidra, yoga thérapeutique, je suis des études de sanskrit. Pourquoi art et yoga? Parce qu'en parallèle je suis musicienne et danseuse. En Inde, les arts et le yoga permettent d'atteindre Moksha, but ultime de l'art et du yoga!

 

 

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 09:21

 

J’ai lu avec grand intérêt le livre de Rekha Tandon, Odissi as yoga.  J’en résume ici les premiers chapitres, vraiment passionnants.

 Dans un autre article, je commenterai de mon point de vue de danseuse et pratiquante de yoga sa vision que je ne partage pas, même si je reconnais qu’elle est la première à essayer de poser des jalons pour replacer l’Odissi dans un cadre vraiment spirituel, ce qui au fond, n’est toujours pas le cas. Car elle écrit en préface de son livre : «  Explorer les principes du yoga dans la danse indienne et construire une pratique artistique tangible basée sur cette compréhension est le but de ce livre. »  Hors, il me semble qu’elle a une connaissance bien superficielle du yoga, ce qui n’est pas le cas de la danse Odissi.

 

Les contradictions et les zones d’ombre.

 

La première chose à savoir, et qui est pour le moins surprenante est que l’Odissi est transmis comme un héritage ancien, alors que ce style a été complètement recréé au 20ème siècle en s’inspirant de diverses sources qui sont toutes éloignées de ce qu’a été cette danse de temple au 12ème siècle, lors de son apogée. 

La deuxième, que cet «  héritage » est transmis avec l’idée que s’écarter de cet enseignement fait perdre l’efficacité spirituelle, que seul le guru détient et peut donner.

 

Ce sont ces deux affirmations que Rekha développe et questionne dans ses premiers chapitres. Elle revient sur l’historique qu’elle résume ainsi :

 

Qu’est ce que l’Odissi aujourd’hui ?

 

Une construction synthétique d’un matériel culturel brut créé au milieu du 20ème siècle et qui contraste avec l’idée d’un produit fini  avec le sous-titre que c’est un héritage ancien qui doit être gardé aussi intact que possible. Le phénomène de transcendance à travers la pratique est livré tel quel sans explication.

 

 

Quelques mots sur ce que l’on sait de l’Odissi dans le passé :

 

Les temples ont été construits entre le 6ème et le 12ème siècle ; danse et temple sont inextricablement liés à partir du 7ème siècle :

  • Le culte de Jagannath est à son apogée à Puri au 12ème siècle ; il  s’incarne dans une forme humaine, sous l’aspect Krishna ; son grand amour est Radha et leur relation la lui permet une fusion avec le Soi. Tout cela est raconté dans la Gita Govinda écrite par Jayadeva
  • Ces poèmes sont évoqués en sculpture à travers les centaines d’alasyakanya qui sont des jeunes filles qui ornent les façades de temple dans des poses souvent langoureuses, et toujours extrêmement gracieuses.
  • Dès le 7ème siècle, on trouve dans les archives des temples les mentions des Maharis, servantes-danseuses-épouses de Jagannath ainsi qu’un rituel de danse pour ces Maharis ou devadasis. C’est au 7ème siècle, que le tantrisme[1] éclot au sein du courant dominant shivaïte.
  • Il est presque certain qu’à partir du 10ème siècle, la danse féminine dans ce contexte tantrique ; la danse est sans doute alors vécu comme un «  yoga » c'est-à-dire un moyen d’union ou est réalisée par des devadasis-yogini.   Rien ne le prouve cependant.
  • Shiva/Shakti, les deux pôles d’un tout,   au cœur du tantrisme au 10/ 11ème siècle, qui deviendra Jagannath,  Dieu tutélaire de l’Orissa, lequel s’incarnera dans une forme humaine en Krishna, sous-tendent cette danse féminine mais qui pourrait transcender le genre.
  • Il faut comprendre tout cela simplement comme des variations émanant d’un point unique qui se décline en différents aspects.
  • Au 12ème siècle, l’architecture des temples et leurs sculptures fleurissent dans toute  cette région. Un espace nouveau est créé au sein des temples, appelé Natya[2] mandapa, pour les prêtresses-danseuses. Il est réservé au culte à travers la danse. C’est là que sont sculptées des centaines d’alasyakanya qui serviront de base pour reconstruire la danse de ces temples après qu’elle ait été perdue.
  • Malheureusement, au 16ème siècle, les invasions musulmanes mettent un point final à ces rituels dansés ; la vie dans les temples s’arrête. Ils sont fermés, leurs occupants chassés.
  • Ils sembleraient qu’à partir de cette date, pour gagner leur vie, les Maharis dansent pour qui «  veut » mais peu à peu, leur réputation chute et elles sont progressivement assimilées à des courtisanes, ce qu’elles étaient peut-être occasionnellement pour gagner leur vie. La danse elle-même se perd et le lien avec le tantrisme.

 

 

Recréer un style de toute pièce : telle est l’odissi aujourd’hui

 

 

En 1947, la situation est tragique, car sous la gouvernance anglaise et son puritanisme, celles qui se nomment encore Maharis, souvent descendantes très très lointaines Maharis (quatre siècles ont passé) reçoivent l’enseignement de leur mère ; elles sont considérées comme des prostituées. 4 siècles ont passé qui ont peu à peu effacé toutes traces de ces rituels dansés, de ce lien puissant avec le divin, la racine sanskrit Di désignant la lumière, car son et lumière sont au cœur du tantrisme.

 

Mais heureusement, avec l’indépendance de l’Inde et grâce à l’appui d’artistes comme Rabindranath Tagore qui la défend avec vigueur, la danse va peu à peu reprendre une place digne et honorable en Inde, et même devenir une raison de fierté nationale. Mais qu’on ne s’y trompe pas : elle devra d’abord faire face à sa très mauvaise réputation, puis, quand le pas sera franchi, va être  recréée de toute pièce et n’aura plus grand-chose à voir avec ce qu’elle fut au 12ème siècle, l’âge d’or du tantrisme dans cette région. Même si certaines femmes se disaient encore descendante de Mahari, plus aucune d’elle ne dansaient dans les temples, ni ne recevaient une formation dans un cadre  sacré comme cela avait été le cas 8 siècles plus tôt.

 

Toujours est-il que la région nouvelle appelée Odisha en fera son fer de lance pour se construire une identité. Cela ne se fera pas tout seul, car les préjugés envers les danseuses considérées comme moins que rien, aura la vie dure. Au début, aucune «  jeune fille de bonne famille » n’est autorisée à prendre des cours. Mais peu à peu, après 1950, le changement est favorable pour «  ressusciter » la danse. Dans le même temps on découvre que les Maharis étaient les épouses de Jagannath, mais la danse est perdue ; l’Odisha voit dans la restauration de la danse l’occasion d’affirmer sa singularité régionale. Jagannath en devient le symbole comme Nataraja l’est pour le baratha natyam (qui a vécu la même chose)

 

Cependant,  la danse va renaître non pas dans les temples, mais au théâtre. C’est un fait à noter important.  C’est à ce moment que la danse va prendre le nom d’Odissi ;  en 1953, à Cuttack,   Priyambada Mohanty présente une pièce de quelques minutes lors d’un festival et l’un des membres du jury, le docteur Charles Fabri, historien de l’art, la «  baptise » Odissi

 

 

Jayantika et les pionniers de l’Odissi

 

 

Se forme alors un groupe de recherche, en 1957, appelé le Jayantika et composé de ceux qui seront les pionniers de la reconstruction (ou plutôt recréation) de l’Odissi : parmi eux : Pankaj Charan Das, Kelucharan Mohapatra,  Deb Prasad Das, Mayadhar Rauth.

 

Ils vont abondamment puiser dans la tradition des gotipuas[3], jeunes garçons élevés comme des danseuses dont les chorégraphies «  régionales » sont assez acrobatiques ; c’est là qu’ils puisent le matériel rythmique, mélodique, chanté ; ils s’inspirent aussi de ce que la baratha-natyam a construit ;  les sculptures sont examinées soigneusement et toutes leurs postures et gestes sont répertoriées. Les traités théâtraux seront aussi examinés à la loupe tel le natya sastra du légendaire Barathi (qui donnera son nom à l’Inde). On s’inspire de Jayadeva et de ses poèmes pour construire des abhinayas. La danseuse Sanjukta Panigrahi sera une collaboratrice très importante pour Kelucharan Mohapatra, même si son travail restera dans l’ombre du guru et pour cause, voir un peu plus loin. Malheureusement, très vite, les pionniers ne seront pas d’accord entre eux, et chacun finira par travailler dans son coin, plus ou moins amer et/ou fâché à vie.

 

Malgré tout, le répertoire va quand même surgir entre les années 1960 et 1970

 

En 1968, le Dr Vatsyayan souligne le fait que tous les styles de danse classiques partagent le principe fondamental qu’elles constituent des formes de sadhana[4]. Ses écrits vont avoir un grand retentissement et sont la cause de l’intérêt grandissant pour la danse indienne « classicisée » comme l’Odissi ou le baratha natyam, d’un point de vue philosophique.

 

Cette même idée va renforcer le statu du guru comme gardien de la connaissance. Il se met à bénéficier d’une inconditionnelle déférence et cela créé des hiérarchies pas toujours propices au but recherché à travers la danse. Ils se déclarent seuls gardiens de la connaissance, et leurs élèves, principalement des filles, sont à la fois leurs interprètes et leurs mécènes. Elles paient leur enseignement, leur permettant  ainsi de vivre et de mener leurs recherches.

 

Mais de là découlent deux problématiques : premièrement,  l’élève doit accepter tel quel l’enseignement sans jamais remettre en cause l’enseignement  ni le pouvoir «  spirituel » de son guru ; deuxièmement,  la danse enseignée est présentée comme étant ancestrale et authentique alors qu’elle n’a même pas une vingtaine d’années dans les années 1970. Jusqu’aux années 2000, plusieurs témoignages confirment l’abandon absolu au guru, sous prétexte de faire mourir son ego ; le souci, c’est que l’ego du guru, lui, était souvent bien actif !

 

Delà découlent plusieurs peurs, craintes, blocages cher les élèves/interprètes :

  • Celle d’être exclu et de perdre le lien avec le spirituel si on ose se séparer de son guru ou si on prend des cours avec un autre guru pour découvrir un autre enseignement, ce qui est – tacitement ou pas – interdit.
  • L’interdiction de modifier quoi que ce soit dans la pratique dansée ; tout est fait au millimètre, ce qui fait que tout le monde danse exactement la même chose de la même façon dans chaque école ou le  guru s’autoproclame guru.
  • L’impossibilité de créer un répertoire autre que celui que le guru transmet sous peine là aussi d’exclusion. Cette exclusion est terrifiante pour des élèves soumis, qui ont pleine confiance en leur guru et en sa manne spirituelle qui leur est alors retirée.

 

Rekha Tandon écrit : «  Ironiquement, l’hésitation et l’incapacité des danseurs qualifiés à travailler avec des visions différentes, indépendantes, reste directement proportionnelle à l’intensité de la relation guru-élève qui sous entend que son ego doit céder devant lui. Ce qui fait que tout le monde accepte de façon inconditionnelle la parole du guru. »

 

Dinanath Pathy, artiste indien à l’esprit avisé, quant à lui, écrit : «  La danse qu’ils créèrent ou fabriquèrent n’était pas authentiquement traditionnelle mais authentiquement contemporaine »

 

Une autre chose est aussi à souligner par rapport à la transmission de cet « héritage ancestral et authentique » : le guru, gardien jaloux du style, pouvait très bien à 20 ans d’écart, transmettre une chorégraphie dont le titre n’avait pas changé mais qui modifiée, remaniée, transformée, présentait  en un mot d’importants changements…

 

Enfin, il est bon de savoir que chaque école détermine ce qui est correct ou incorrect suivant ses propres critères puisque le groupe Jayantika n’a eu qu’une durée de vie très courte, quelques années seulement, avant que tout le monde se sépare pour travailler dans son coin, plus ou moins fâché, vexé, meurtri.

 Ce correct/incorrect n’est, d’ailleurs, jamais expliqué ou analysé par le guru : c’est comme ça, un point c’est tout. De même, toute discussion métaphysique est complètement absente des cours de danse…

 

Enfin, quant au lien avec le tantrisme, ce qui est certain c’est que pendant plus de quatre siècle, le tantrisme avait une telle mauvaise réputation en Inde qu’il fut progressivement délibérément ignoré (au moins en apparence car son enseignement continua dans le secret) ; on lui associait le sexe, ce qui faisait frissonner d’horreur l’Inde toute entière devenue, sous son double joug musulman et anglais, puritaine. 

La grande contradiction aujourd’hui est que tout le monde admet que l’Odissi recréé de toute pièce aujourd’hui est par nature spirituelle, tantrique, mais personne n’en apporte la moindre preuve.

Beaucoup pensent qu’il suffit d’être éveillé à soi-même (comment ? mystère !) pour que la danse se fasse à travers le danseur indépendamment de lui et soit la preuve de sa nature spirituelle. Encore sans doute une histoire de «  pleine conscience » tellement à la mode aujourd’hui, mais qui s’acquiert «  sans effort ». Pourtant,  l’une des triades tantriques est : Iccha Jnana Kryia : volonté, connaissance, action.

 

[1] Principe philosophique que cherche à unir conscience ( shiva) et énergie ( shakti)  pour fusionner dans le Soi – parashiva- en utilisant les différents corps ou koshas considérés comme temple grâce auquel l’alchimie peut se faire à travers des techniques qui utilisent le corps comme creuset et point de départ.

[2] Natya est un terme sanskrit qui désigne tout performance théâtrale, y compris la danse, et bien avant la création des théâtres puisque le natya sastra – traité de natya – attribué à Barratha

[3] On sait peu de choses sur l’historique des gotipuas, sans doute comme les onnagatas, hommes qui remplacent les actrices sur scène interdites à la même époque au Japon, deviennent-ils les dépositaires de la danse car les femmes n’en n’ont plus le droit. On a alors eu recours à de jeunes garçons aux traits féminins jusqu’à ce que la puberté leur fasse perdre leur aspect féminin

[4] En sanskrit sadhana साधन  signifie réalisation ; dans un contexte spirituel, il désigne l’engagement dans une voie mystique, quelle qu’elle soit,  par une pratique quotidienne, qui n’est pas nécessairement physique.

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27 octobre 2019 7 27 /10 /octobre /2019 17:52

Mystique depuis toujours, quand j’ai commencé à étudier l’art, c’était dans l’idée d’honorer Dieu ; j’avais de qui tenir car mes deux aieules avaient toutes deux perdu leur mari à la guerre, l’une en 1916 et l’autre en 1941. Mon arrière-grand mère se retira à la mort de son mari chez les Bénédictines à Poyanne; sa fille, ma grand-mère   alors âgée de quatre ans, perdra elle aussi son mari à la guerre et rejoindra à  sa retraite  une communauté religieuse.

 Je ne comprenais pas bien, même si je n’avais pas les mots pour le dire alors, qu’on puisse considérer l’art comme un divertissement. Encore moins, comme aujourd’hui , pour nous plonger dans l’ultra réalité de la violence de notre monde ainsi que le veulent ces metteurs en scène qui font une relecture de Guillaume Tell, des Indes Galantes, de Parsifal, de Giselle... etc. Comme si on avait besoin d'eux pour comprendre l'actualité... comme si notre monde n'était pas assez visible dans sa cruauté grâce aux médias... mais surtout, comme si ces oeuvres avaient besoin qu'on les réactualise! Le spectateur n'est pas bête, et est capable, quand une oeuvre d'art est géniale, de faire le lien TOUT SEUL entre présent et passé! Combien d'auteurs latins m'ont bouleversée par leur étonnante modernité!

Pour moi, l’art est une prière.  Une cellule de moine me suffit pour chanter, jouer de la musique, une forêt pour danser. Et j’ai d’ailleurs pendant un certain temps hésiter entre une vie monacale, et une vie   « dans le monde ». Aujourd’hui, grâce à Maharshi, cette contradiction n’existe plus

Il m’a néanmoins fallu attendre pour ainsi dire mes 50 ans pour découvrir que Kelucharan Mohapatra, l’un des Indiens qui a «  ressuscité » la danse odissi au milieu du 20ème siècle, était  un père spirituel ; il disait : «  quand je danse, les gens pensent que je danse, mais en réalité, je prie. »

Prier, qu’est-ce que c’est ? Se fondre au tout, à l’univers, perdre sa forme, son moi, son être, s’abandonner. Rejoindre le tout. Et l'art le permet magnifiquement.

C’est ce que les grands artistes font naturellement tel autrefois Noureev, ou Nicolas Le Riche, et sans doute Mozart quand il composait : il n’était plus alors qu’un passeur.  Milos Forman le fait dire sublimement par la bouche de Salieri dans son film Amadeus, prénom qui signifie  aimé de Dieu, en latin. J’ignore si ces êtres sont ou étaient mystiques, mais ils s’abandonnaient tellement sur scène, ils faisaient un tel don d’eux-mêmes à travers la danse, la musique, le théâtre qu’ils n’étaient plus «  personne » : juste un cristal diffusant pour tout leur public une incroyable lumière d’une pureté inouïe. C’est cette forme d’art qui me touche le plus.

Certains sont d’éblouissants «  techniciens » ; ce que veut dire d’ailleurs les mots en latin, «  ars » ou « techné »  en grec : ces mots désignent un savoir faire ; ils ont pris un autre sens assez récemment dans notre vocabulaire. Ces artistes éblouissent mais ne renoncent pas à être eux : ce sont des stars magnifiques, mais si vous osez émettre la moindre critique sur eux, ils se jettent sur vous toutes griffes dehors, tel ce danseur étoile qui m’avait envoyé un mail furieux après un  de mes post pourtant modéré sur un forum. Tel autre  chanteur populaire giflant un journaliste qui s’amuse à ne pas le reconnaître et l’appelle d’un autre nom.

Ce qui ne les empêche pas parfois d’être passeurs malgré eux. Une force plus grande qu’eux les traverse  et illumine leur public : Callas, Guillem, Freddy Mercury et tant d’autres. En ont-ils conscience ? 

Certains artistes utilisent l’art soit pour «  s’auto promouvoir », être célèbres, ou bien encore pour résoudre leur mal-être : l’art devient thérapeutique et nombreux sont aujourd’hui ces artistes qui nous projettent à la face leur névrose, certains avec talent. Avec génie. Après tout, pourquoi pas ?  Chacun suit sa route.

 

Mais si je reviens à l’artiste tel que je le pensais enfant, tel que j’en ai découvert beaucoup ensuite, tel qu’il sous-tend tout  l’art indien classique (d’ailleurs en Indonésie, le mot artiste n’existe pas, tous les villageois ont une place dans les célébrations théâtrales, musicales et dansées en l’honneur des dieux) je comprends pourquoi tel qui a moins de technique que tel autre me touchera plus.

 

C’est pour cela aussi que le ballet classique peut être d’une immense beauté ; quand les danseuses dansent l’un des 32 cygnes en comprenant qu’elles sont Je au pluriel, comme l’écrivait si joliment l’une d’entre elles, qu’ un seul souffle les anime toutes, qu'elles forment un tout, qu’elles n’éprouvent pas le besoin de sortir du lot pour se montrer au public, celui-ci ressent cette beauté, cette force, cette «  prière », même s’il ne lui donne pas ce mot.

 

 

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 17:13

 

ratha-yatra-paris-2014.jpg

 

                                                     il y a une erreur sur l'année! il faut lire 2014! 

 

 

 

 

 

Le festival Ratha Yatra se déroule à Paris depuis 22 ans déjà. De nouvelles éditions commencent à naître dans d’autres villes de province.

 

Ce festival met à l’honneur le dieu Jagganath, l’un des avatars de Vishnou que l’on connaît aussi comme Krishna ou encore Rama,  héros du Mahabaratha ou du Ramayana.

 

Vishnou est le dieu qui protège le monde dans la trilogie indienne.  Cette année, ce festival tombait le même jour que la grande fête qui a lieu à Puri en Inde.

 

 

 

Lors de ce festival qui a eu lieu cette année le 29 juin 2014, un grand char est tiré à travers la ville, avec les images inachevées de Subhadra et Balarama, sœur et frère de Jagganath.

 

 

 

Sur la place du Bellay, sur laquelle se dresse la fontaine des Innocents à Paris, se tenaient différents stands indiens et une scène y était dressée.

 

 

 


 

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Musiciens, danseurs, chants dévotionnels se sont succédés.  Sharmila Sharma a dansé du Kathak avec ses danseuses/seurs.

 

 

 

Mahina Khanum participait avec son groupe à ce festival ; les belles danseuses ont   accueilli l’arrivée du char. Kali Chandrasegaram, danseur d’Odissi qui vit à Londres, s’était joint à elle ainsi que moi-même.

 

Profondément émue par les chants dévotionnels qui ont procédé l’arrivée du char vers 17h30 - les  Bhajans, ou chants sacrés, ont un peu un rôle similaire au yoga- j’ai perçu très nettement   le changement de  fréquence vibratoire qui s’est élevée peu à peu.

 

 

 

mahi-et-kali.JPGMalgré les mouvements de foule, les allées et venues des uns et des autres, dont nombre de touristes et de passants, on pouvait vraiment percevoir cette vibration si particulière dans l’air.

 

Puis le char est apparu, et là, le sens dévotion prit tout son sens ; le cœur ne fait qu’un bond à sa vue, comme une amoureuse lorsqu’elle voit son bien-aimé guetté longtemps, à l’horizon. Et dans ce bond de l’âme, il y la spontaneïté, la joie, l’amour.

 

 

 

Tout était donc en place  pour accueillir la danse Odissi.

 

 

 

Kali et Mahina ont dansé une chorégraphie pour célébrer Jagganath, portant encore plus loin la dévotion et les vibrations très puissantes à ce moment là. L’essence même du sacré était tangible. Que les gens dans la foule l’aient perçu ou pas importe peu car tous l’ont de toutes façons reçue.

 

 

 

C’est donc particulièrement émue et très humblement que je suis montée sur scène, cherchant du mieux possible à exprimer ma dévotion et ma reconnaissance pour ce moment si particulier.

 

 

 

Le rêve de partager la dévotion «  dans la rue », comme le faisaient les toutes premières danseuses d’Odissi s’est donc réalisé sous les augures protecteurs de Jagganath a qui j’avais consacré un article quelques semaines plus tôt, sans savoir que je le célèbrerais par la danse…

 

 

 

   mahi-et-val.JPG

 

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