Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Art Et Yoga

  • : Articles sur le Hatha yoga et les formations proposées.
  • : Pratique les techniques du yoga, issues des écoles tantriques, complémentaire du site : www.art-et-yoga.fr
  • Contact

  • artetyoga
  • professeur de yoga et  yoga nidra
musicienne et danseuse
  • professeur de yoga et yoga nidra musicienne et danseuse

Accueil

Bienvenue sur Art et yoga, blog de Valérie Beck,  complémentaire  du site www.art-et-yoga.fr. Vous trouverez dans ces pages de quoi organiser vos séances, découvrir des techniques de yoga, trouver des renseignements sur nos cours par correspondance, et de nombreux autres articles. Diplômée en yoga, yoga nidra, yoga thérapeutique, je suis des études de sanskrit. Pourquoi art et yoga? Parce qu'en parallèle je suis musicienne et danseuse. En Inde, les arts et le yoga permettent d'atteindre Moksha, but ultime de l'art et du yoga!

 

 

Recherche

   

 

23 août 2023 3 23 /08 /août /2023 07:40

Construite selon la philosophie des écoles tantriques

Très courte séance pour bien commencer la journée !

Elle est construite selon la philosophie des écoles tantriques, c'est à dire que l'on travaille sur la structure énergétique en lien avec le corps physique et mental.

Idéale le matin, par exemple, car elle défait les tensions et met en vibration sushumna, (le double énergétique de la colonne vertébrale)  muladhara ( çakra de la base qui puise l'énergie dans mulagni, c'est  dire dans le " feu" énergétique) et manipura, cakra situé vers la région du nombril, qui le diffuse ensuite  dans toute la structure énergétique. Après le divin uddyana-bandha, qui booste l'énergie quelques asanas (postures) pour dévérouiller le corps, mettre en vibration l'énergie; les mudra, pranayama et concentration clarifient et apaisent le mental tout en le libérant de ses tensions.

 

Pour des effets plus en profondeur, et donc plus durables, le temps de pratique de chaque technique peut être doublé ou triplé ce qui donne une séance d'une heure environ.

Voici le schéma qui respecte la façon de faire des écoles tantriques.

0:00 Prise de conscience du souffle

0:45 uddyana bandha pour réveiller l'énergie via manipura ; ce mudra est idéal le matin, on peut le faire seul 5 à 10 minutes par exemple.

2:10 Le roseau pour éveiller la colonne

3:51 Trikonasana pour engranger un maximum d'énergie et étirer tout le corps. Il met en vibration les points du feu que sont muladhara, manipura, la sushumna, les yeux.

5:49 Le chat en dynamique pour dénouer les tensions et faire circuler l'énergie éveillée dans les triangles.

7:01 Hasta drishti, mudra qui met de bonne humeur, réveille le regard, et à travers lui le mental de façon douce et joyeuse.

11:34 Nadishodana souffle purificateur et très apaisant qui circule dans les nadis.

16:46 Concentration sur le souffle pour préparer son mental. HamSa est le mantra naturel du souffle.

 

Je vous souhaite une bonne pratique!

Partager cet article
Repost0
4 juillet 2023 2 04 /07 /juillet /2023 14:32

 

 

J’ai lu avec grand intérêt le livre de Rekka Tandom, Odissi as yoga.  J’en résume ici les premiers chapitres, vraiment passionnants.

 Dans un autre article, je commenterai de mon point de vue de danseuse et pratiquante de yoga sa vision que je ne partage pas entièrement, même si je reconnais qu’elle est la première à essayer de poser des jalons pour replacer l’Odissi dans un cadre vraiment spirituel, ce qui au fond, n’est toujours pas le cas. Car elle écrit en préface de son livre : «  Explorer les principes du yoga dans la danse indienne et construire une pratique artistique tangible basée sur cette compréhension est le but de ce livre. »  Hors, il me semble qu’elle a une connaissance d'un certain type de yoga, qu'elle dit tantrique, mais son exposé du yoga reste un peu superficiel,  ce qui n’est pas le cas de la danse Odissi.

 

Les contradictions et les zones d’ombre.

 

La première chose à savoir, et qui est pour le moins surprenante est que l’Odissi est transmis comme un héritage ancien, alors que ce style a été complètement recréé au 20ème siècle en s’inspirant de diverses sources qui sont toutes éloignées de ce qu’a été cette danse de temple au 12ème siècle, lors de son apogée. 

La deuxième, que cet «  héritage » est transmis avec l’idée que s’écarter de cet enseignement fait perdre l’efficacité spirituelle, que seul le guru détient et peut donner.

 

Ce sont ces deux affirmations que Rekha développe et questionne dans ses premiers chapitres. Elle revient sur l’historique qu’elle résume ainsi :

 

Qu’est ce que l’Odissi aujourd’hui ?

 

Une construction synthétique d’un matériel culturel brut créé au milieu du 20ème siècle et qui contraste avec l’idée d’un produit fini  avec le sous-titre que c’est un héritage ancien qui doit être gardé aussi intact que possible. Le phénomène de transcendance à travers la pratique est livré tel quel sans explication.

 

 

Quelques mots sur ce que l’on sait de l’Odissi dans le passé :

 

Les temples ont été construits entre le 6ème et le 12ème siècle ; danse et temple sont inextricablement liés à partir du 7ème siècle :

  • Le culte de Jagannath est à son apogée à Puri au 12ème siècle ; il  s’incarne dans une forme humaine, sous l’aspect Krishna ; son grand amour est Radha et leur relation la lui permet une fusion avec le Soi. Tout cela est raconté dans la Gita Govinda écrite par Jayadeva
  • Ces poèmes sont évoqués en sculpture à travers les centaines d’alasyakanya qui sont des jeunes filles qui ornent les façades de temple dans des poses souvent langoureuses, et toujours extrêmement gracieuses.
  • Dès le 7ème siècle, on trouve dans les archives des temples les mentions des Maharis, servantes-danseuses-épouses de Jagannath ainsi qu’un rituel de danse pour ces Maharis ou devadasis. C’est au 7ème siècle, que le tantrisme[1] éclot au sein du courant dominant shivaïte.
  • Il est presque certain qu’à partir du 10ème siècle, la danse féminine dans ce contexte tantrique ; la danse est sans doute alors vécu comme un «  yoga » c'est-à-dire un moyen d’union ou est réalisée par des devadasis-yogini.   Rien ne le prouve cependant.
  • Shiva/Shakti, les deux pôles d’un tout,   au cœur du tantrisme au 10/ 11ème siècle, qui deviendra Jagannath,  Dieu tutélaire de l’Orissa, lequel s’incarnera dans une forme humaine en Krishna, sous-tendent cette danse féminine mais qui pourrait transcender le genre.
  • Il faut comprendre tout cela simplement comme des variations émanant d’un point unique qui se décline en différents aspects.
  • Au 12ème siècle, l’architecture des temples et leurs sculptures fleurissent dans toute  cette région. Un espace nouveau est créé au sein des temples, appelé Natya[2] mandapa, pour les prêtresses-danseuses. Il est réservé au culte à travers la danse. C’est là que sont sculptées des centaines d’alasyakanya qui serviront de base pour reconstruire la danse de ces temples après qu’elle ait été perdue.
  • Malheureusement, au 16ème siècle, les invasions musulmanes mettent un point final à ces rituels dansés ; la vie dans les temples s’arrête. Ils sont fermés, leurs occupants chassés.
  • Ils sembleraient qu’à partir de cette date, pour gagner leur vie, les Maharis dansent pour qui «  veut » mais peu à peu, leur réputation chute et elles sont progressivement assimilées à des courtisanes, ce qu’elles étaient peut-être occasionnellement pour gagner leur vie. La danse elle-même se perd et le lien avec le tantrisme.

 

 

Recréer un style de toute pièce : telle est l’odissi aujourd’hui

 

 

En 1947, la situation est tragique, car sous la gouvernance anglaise et son puritanisme, celles qui se nomment encore Maharis, souvent descendantes très très lointaines Maharis (quatre siècles ont passé) reçoivent l’enseignement de leur mère ; elles sont considérées comme des prostituées. 4 siècles ont passé qui ont peu à peu effacé toutes traces de ces rituels dansés, de ce lien puissant avec le divin, la racine sanskrit Di désignant la lumière, car son et lumière sont au cœur du tantrisme.

 

Mais heureusement, avec l’indépendance de l’Inde et grâce à l’appui d’artistes comme Rabindranath Tagore qui la défend avec vigueur, la danse va peu à peu reprendre une place digne et honorable en Inde, et même devenir une raison de fierté nationale. Mais qu’on ne s’y trompe pas : elle devra d’abord faire face à sa très mauvaise réputation, puis, quand le pas sera franchi, va être  recréée de toute pièce et n’aura plus grand-chose à voir avec ce qu’elle fut au 12ème siècle, l’âge d’or du tantrisme dans cette région. Même si certaines femmes se disaient encore descendante de Mahari, plus aucune d’elle ne dansaient dans les temples, ni ne recevaient une formation dans un cadre  sacré comme cela avait été le cas 8 siècles plus tôt.

 

Toujours est-il que la région nouvelle appelée Odisha en fera son fer de lance pour se construire une identité. Cela ne se fera pas tout seul, car les préjugés envers les danseuses considérées comme moins que rien, aura la vie dure. Au début, aucune «  jeune fille de bonne famille » n’est autorisée à prendre des cours. Mais peu à peu, après 1950, le changement est favorable pour «  ressusciter » la danse. Dans le même temps on découvre que les Maharis étaient les épouses de Jagannath, mais la danse est perdue ; l’Odisha voit dans la restauration de la danse l’occasion d’affirmer sa singularité régionale. Jagannath en devient le symbole comme Nataraja l’est pour le baratha natyam (qui a vécu la même chose)

 

Cependant,  la danse va renaître non pas dans les temples, mais au théâtre. C’est un fait à noter important.  C’est à ce moment que la danse va prendre le nom d’Odissi ;  en 1953, à Cuttack,   Priyambada Mohanty présente une pièce de quelques minutes lors d’un festival et l’un des membres du jury, le docteur Charles Fabri, historien de l’art, la «  baptise » Odissi

 

 

Jayantika et les pionniers de l’Odissi

 

 

Se forme alors un groupe de recherche, en 1957, appelé le Jayantika et composé de ceux qui seront les pionniers de la reconstruction (ou plutôt recréation) de l’Odissi : parmi eux : Pankaj Charan Das, Kelucharan Mohapatra,  Deb Prasad Das, Mayadhar Rauth.

 

Ils vont abondamment puiser dans la tradition des gotipuas[3], jeunes garçons élevés comme des danseuses dont les chorégraphies «  régionales » sont assez acrobatiques ; c’est là qu’ils puisent le matériel rythmique, mélodique, chanté ; ils s’inspirent aussi de ce que la baratha-natyam a construit ;  les sculptures sont examinées soigneusement et toutes leurs postures et gestes sont répertoriées. Les traités théâtraux seront aussi examinés à la loupe tel le natya sastra du légendaire Barathi (qui donnera son nom à l’Inde). On s’inspire de Jayadeva et de ses poèmes pour construire des abhinayas. La danseuse Sanjukta Panigrahi sera une collaboratrice très importante pour Kelucharan Mohapatra, même si son travail restera dans l’ombre du guru et pour cause, voir un peu plus loin. Malheureusement, très vite, les pionniers ne seront pas d’accord entre eux, et chacun finira par travailler dans son coin, plus ou moins amer et/ou fâché à vie.

 

Malgré tout, le répertoire va quand même surgir entre les années 1960 et 1970

 

En 1968, le Dr Vatsyayan souligne le fait que tous les styles de danse classiques partagent le principe fondamental qu’elles constituent des formes de sadhana[4]. Ses écrits vont avoir un grand retentissement et sont la cause de l’intérêt grandissant pour la danse indienne « classicisée » comme l’Odissi ou le baratha natyam, d’un point de vue philosophique.

 

Cette même idée va renforcer le statu du guru comme gardien de la connaissance. Il se met à bénéficier d’une inconditionnelle déférence et cela créé des hiérarchies pas toujours propices au but recherché à travers la danse. Ils se déclarent seuls gardiens de la connaissance, et leurs élèves, principalement des filles, sont à la fois leurs interprètes et leurs mécènes. Elles paient leur enseignement, leur permettant  ainsi de vivre et de mener leurs recherches.

 

Mais de là découlent deux problématiques : premièrement,  l’élève doit accepter tel quel l’enseignement sans jamais remettre en cause l’enseignement  ni le pouvoir «  spirituel » de son guru ; deuxièmement,  la danse enseignée est présentée comme étant ancestrale et authentique alors qu’elle n’a même pas une vingtaine d’années dans les années 1970. Jusqu’aux années 2000, plusieurs témoignages confirment l’abandon absolu au guru, sous prétexte de faire mourir son ego ; le souci, c’est que l’ego du guru, lui, était souvent bien actif !

 

Delà découlent plusieurs peurs, craintes, blocages cher les élèves/interprètes :

  • Celle d’être exclu et de perdre le lien avec le spirituel si on ose se séparer de son guru ou si on prend des cours avec un autre guru pour découvrir un autre enseignement, ce qui est – tacitement ou pas – interdit.
  • L’interdiction de modifier quoi que ce soit dans la pratique dansée ; tout est fait au millimètre, ce qui fait que tout le monde danse exactement la même chose de la même façon dans chaque école ou le  guru s’autoproclame guru.
  • L’impossibilité de créer un répertoire autre que celui que le guru transmet sous peine là aussi d’exclusion. Cette exclusion est terrifiante pour des élèves soumis, qui ont pleine confiance en leur guru et en sa manne spirituelle qui leur est alors retirée.

 

Rekha Tandom écrit : «  Ironiquement, l’hésitation et l’incapacité des danseurs qualifiés à travailler avec des visions différentes, indépendantes, reste directement proportionnelle à l’intensité de la relation guru-élève qui sous entend que son ego doit céder devant lui. Ce qui fait que tout le monde accepte de façon inconditionnelle la parole du guru. »

 

Dinanath Pathy, artiste indien à l’esprit avisé, quant à lui, écrit : «  La danse qu’ils créèrent ou fabriquèrent n’était pas authentiquement traditionnelle mais authentiquement contemporaine »

 

Une autre chose est aussi à souligner par rapport à la transmission de cet « héritage ancestral et authentique » : le guru, gardien jaloux du style, pouvait très bien à 20 ans d’écart, transmettre une chorégraphie dont le titre n’avait pas changé mais qui modifiée, remaniée, transformée, présentait  en un mot d’importants changements…

 

Enfin, il est bon de savoir que chaque école détermine ce qui est correct ou incorrect suivant ses propres critères puisque le groupe Jayantika n’a eu qu’une durée de vie très courte, quelques années seulement, avant que tout le monde se sépare pour travailler dans son coin, plus ou moins fâché, vexé, meurtri.

 Ce correct/incorrect n’est, d’ailleurs, jamais expliqué ou analysé par le guru : c’est comme ça, un point c’est tout. De même, toute discussion métaphysique est complètement absente des cours de danse…

 

Enfin, quant au lien avec le tantrisme, ce qui est certain c’est que pendant plus de quatre siècle, le tantrisme avait une telle mauvaise réputation en Inde qu’il fut progressivement délibérément ignoré (au moins en apparence car son enseignement continua dans le secret) ; on lui associait le sexe, ce qui faisait frissonner d’horreur l’Inde toute entière devenue, sous son double joug musulman et anglais, puritaine. 

La grande contradiction aujourd’hui est que tout le monde admet que l’Odissi recréé de toute pièce aujourd’hui est par nature spirituelle, tantrique, mais personne n’en apporte la moindre preuve.

Beaucoup pensent qu’il suffit d’être éveillé à soi-même (comment ? mystère !) pour que la danse se fasse à travers le danseur indépendamment de lui et soit la preuve de sa nature spirituelle. Encore sans doute une histoire de «  pleine conscience » tellement à la mode aujourd’hui, mais qui s’acquiert «  sans effort ». Pourtant,  l’une des triades tantriques est : Iccha Jnana Kryia : volonté, connaissance, action.

 

[1] Principe philosophique que cherche à unir conscience ( shiva) et énergie ( shakti)  pour fusionner dans le Soi – parashiva- en utilisant les différents corps ou koshas considérés comme temple grâce auquel l’alchimie peut se faire à travers des techniques qui utilisent le corps comme creuset et point de départ.

[2] Natya est un terme sanskrit qui désigne tout performance théâtrale, y compris la danse, et bien avant la création des théâtres puisque le natya sastra – traité de natya – attribué à Barratha

[3] On sait peu de choses sur l’historique des gotipuas, sans doute comme les onnagatas, hommes qui remplacent les actrices sur scène interdites à la même époque au Japon, deviennent-ils les dépositaires de la danse car les femmes n’en n’ont plus le droit. On a alors eu recours à de jeunes garçons aux traits féminins jusqu’à ce que la puberté leur fasse perdre leur aspect féminin

[4] En sanskrit sadhana साधन  signifie réalisation ; dans un contexte spirituel, il désigne l’engagement dans une voie mystique, quelle qu’elle soit,  par une pratique quotidienne, qui n’est pas nécessairement physique.

 

Partager cet article
Repost0
13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 09:37

 

Le titre peut paraître étrange, d’autant qu’il existe déjà une immense littérature sur le sujet ; mais nombreux sont les articles qui parlent d’un état de maladie qui permet de se lever et de faire du yoga. Et nombreux, parmi ces articles, sont ceux qui limitent le yoga au seul corps physique ou presque. 

 

Or, dans cet article, je voudrais parler d’un état de maladie temporaire, qui peut même être long, et qui empêche complètement de se lever ; dans lequel le corps doit renoncer à toute activité physique comme une pneumonie par exemple. Cela veut dire qu’il faut complètement changer sa pratique.

Cet article n’a d’autre but que de vous rendre créatif, tout en donnant du sens à ce que vous choisirez de faire si un jour, vous êtes dans l’incapacité de faire du yoga pendant 3 semaines, un mois, ou plus.

 

Si on ne peut plus pratiquer les asanas, qui,  comme expliqué  dans d’autres articles, ne se limitent pas au corps physique mais concernent l’ensemble des trois corps  physique, mental et énergétique, est-ce que cela à encore un sens de «  faire du yoga » ? La réponse est oui, sauf si votre yoga est purement physique et n’englobe pas les différents corps qui nous composent.

 

Comment cela ?

 

Je l’affirme, sans asanas, on peut continuer à faire du yoga autrement en attendant que le corps physique puisse de nouveau quitter le lit, se lever, et se mettre au moins en position assise.

 

Voici quelques idées pour prendre  des chemins de traverse qui vous permettront de garder le fil avec votre pratique. Il y a toujours la possibilité de faire allongé des mudras, du pranayama, de la concentration, du nidra.

 

« Faire du pranayama dans lit, allongé et fiévreux ? Mais c’est ridicule ! »

 

Nadishodana, on y revient toujours !

 

Le premier pranayama que l’on apprend quand on commence le yoga est nadishodana – de nadI  नदी  rivière, associé à शोधन  Śodhana, mot qui désigne une technique de purification. Sur le net, il est décliné à toutes les sauces. J’en rappelle la technique de base (conformément à  l’école de yoga à laquelle se rattache celui que je transmets)   dans un article.

 Ce pranayama se pratique «  traditionnellement »   sur 23 minutes, c'est-à-dire un  ghaṭikā घाटिका  qui étymologiquement désigne un pot à eau qui se remplit en à peu près 23 minutes ; c’est notre ancienne clepsydre.  Mais quand on débute, on y va         progressivement, jusqu’à adopter le rythme 1 4 2  pendant une dizaine de minutes : par exemple 4 temps d’inspir, 16 de rétentions, 8 d’expir, en laissant de la place pour une petite tenue à vide et à plein ; les temps – mAtrA en sanskrit मात्रा  - correspondent  grosso modo à 1,3/ 1,7 secondes. Ils sont propres à chacun. Avec de la patience et du temps,  la pratique s’allonge d’elle-même.

 

Il est préconisé quand on s’engage dans une   sādhana   सधन  - pratique spirituelle personnelle - d’accorder beaucoup de temps à cette pratique ; et les premières années, on recommande de la faire régulièrement,  même en dehors d’une pratique de yoga.

Par la suite, après quelques années de pratique,  il est bon de revenir régulièrement à cette technique,  sur une période courte ou longue ; par exemple, on pourra ne faire  que ce pranayama, (on met tout le reste de côté) mais au moins 1 heure à 1h30/2 heures  par jour,  en  plusieurs fois si nécessaire. Pourquoi ? Parce que c’est lui qui assure l’équilibre des canaux ida et pingala et la bonne circulation du prana dans ces canaux. C’est vraiment l’outil indispensable, pour permettre à l’énergie de bien circuler.

 

C’est donc un pranayama à garder, vous l’aurez compris, celui qui purifie, fait circuler prana, et met en relation les trois corps ; Vous m’objecterez : «  ah oui, parce qu’en état malade, alité, on va faire 20 minutes de nadishodana ? Du délire !

 

- On va adapter

- Ahaha, je vous tiens, répondez-vous, narquois ;  vous avez toujours dit qu’il ne fallait pas adapter, que cela dénaturait les pratiques.

- Mais il y a des cas de forces majeures et il est temps de dire comment s’y prendre.

- Pas convaincu : ou on fait du yoga, ou on n ;en fait pas.

- En attendant de se rétablir, mieux vaut un peu que rien du tout, n’est ce pas ?

- Bon, on vous écoute mais, pour l’instant,  on n’est pas du tout convaincu !

 

Quelques idées

 

Dans le cadre de notre pratique dans la maladie, s’il est absolument impossible de s’asseoir, on se mettra en śavāsana  शवासन dans son lit.  Et, comme lorsque l’on pratique le nidra, on fera un petit rituel, en se reliant au divin, au cosmos, à ce qui compte pour soi ; on suit les souffles dans l’axe, en entendant Ham Sa,  on offre sa pratique, et on prend un temps pour se visualiser dans son espace de pratique, comme si le corps était sur son tapis de yoga. Il y a double visualisation, l’axe et soi ou le clone dans son espace de pratique.

 

Ensuite, par la seule concentration, on va pratiquer, sans boucher les narines, nadI  Śodhana, en installant si on le peut kechari et मूलबन्ध Mūla bandha ; il faut vraiment visualiser la structure énergique  et le prana qui circule dans les nadis. On fait au mieux.  5 minutes par ci, 5 minutes par là, suivant ce qu’il est possible de faire.  On essaie de garder un rythme, même très modeste ( 2 8 4 ) on le répète plusieurs fois dans la journée. Et surtout on visualise à fond les nadis Ida Pingala, la structure énergétique, le prana, la lumière, tout en entendant les mantras ( IAM RAM OM)

Si le corps peut se mettre en position semi-assise, bien calé sur les oreillers, on fera la même chose, et si on n’est capable de prendre la gestuelle, on n’hésite pas.

Dans le cas d’un nez complètement bouché, ou de gorge irritée, de toux, on se contentera de se visualiser en nidra faisant nadI  Śodhana , jusqu’à ce qu’il soit de nouveau possible de faire la technique décrite ci-dessus même très très modestement, il ne faut pas négliger le pouvoir de la visualisation associé à une forte concentration + l’écoute intérieure + se relier au Divin en soi et autour de soi.

 

Ensuite, on reste bien en śavāsana et on fera allongé une technique de concentration ; on a que l’embarras du choix : Hridaya adapté par exemple, en écoutant Ham Sa au fil du souffle, en visualisant le trajet des mantras ; le neti neti ; faire sonner intérieurement les bijas des cakras associés au souffle : le cakra tourne dans un sens à l’inspir, puis dans l’autre à l’expir et on monte de centre en centre ; c’est là qu’on peut être créatif.

 

Indépendamment de cette pratique, on peut aussi mettre en place au cours de la journée ou de la nuit si on se réveille, un processus de guérison via le nidra. Il existe de nombreuses techniques. On peut utiliser le clone, par exemple. Même si la guérison physique est longue à venir, ces techniques répétées sur quelques minutes tous les jours, et peut-être plusieurs fois par jour, vont avoir une incidence sur l’ensemble des trois corps ; quelque chose est activité, le malade ne «  subit » plus sa maladie. Il accompagne consciemment cet état. Il met en place quelque chose de lumineux qui le sort de sa condition de malade.

Ce ne sera pas ni miraculeux, ni rapide, ni rien. Mais en étant conscient, actif dans l’inaction (faire en laissant faire) en gardant le lien avec le cosmos ou son iṣṭa-devatā préféré, il continuera, modestement, sa pratique de yoga, et la saveur du monde lui parviendra et lui apportera beaucoup de paix.

 

Ces quelques idées vous permettront, je l'espère, de trouver comment faire pour ne pas arrêter votre pratique si un jour vous êtes malade pour un long moment.

 

--------------------------

 En complément :

Nadishodana en version de base

Yoga nidra .

 

 

 

Partager cet article
Repost0
29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 09:00

Uttitah : Etirement vers le haut

Dhanura : arc

 Si cette posture ne présente aucune contre-indication physiologique, il faut toutefois veiller à bien garder son bassin dans l'axe, parallèle au sol,   à ne pas tirer sur le cou, bien le détendre, et garder ses mains à l'aplomb des épaules pour la première version et bien aligner ses genoux et ses mains.

Pendant la posture ( voir la vidéo pour les explications) il faut sentir une poussée vers le haut, mais sans crispation : une légère tension, oui, mais pas plus

Cette posture :

  1. tonifie la colonne, fortifie la musculature
  2. Stimule les reins et les surrénales
  3. Débloque la respiration physiologique et toute la zone du plexus.
  4. Elle détend et redonne de l'élasticité au diaphragme.
  5. elle rééquilibre Ida et Pingala
  6. Les roues d'énergie sont stimulées, surtout le cakra manipura, ce qui apaise le mental.

 

  • Pour les souffles : soit allongement du souffle, soit bhastrika, soit rythme 1 4 2
  • Yeux ouverts, langue en kechari, mulabandha
  • Durée : on commence par 30/40 secondes jusqu'à 2/3 minutes par côté
  • Mantra : ram ksham ; ou om ram
  • Place dans une pratique : au milieu de la séance.

 

En principe, la posture ne présente pas de difficulté, sauf si vous avez du mal à cambrer le dos. Dans ce cas, vous pouvez utiliser un petit lien pour attraper le pied, sans tirer dessus, juste pouvoir sentir une légère poussée vers le haut en attendant que   le dos s'assouplisse et vous faites votre travail sur le souffle que vous visualiserez dans l'axe.

 

Partager cet article
Repost0
26 janvier 2023 4 26 /01 /janvier /2023 15:28

Vidéo expliquée puis guidée.

 

Il est important de prendre conscience dès le réveil du spectateur impassible et bienveillant qui veille en nous mais que notre mental discursif et toujours agité nous empêche de ressentir. Cette technique peut vous permettre de commencer " autrement" vos journées, en prenant tout de suite conscience que vous n'êtes pas votre mental.

Et même si ensuite dans la journée, vous l'oubliez de nouveau, à force de faire cette technique le matin, les rappels se feront plus facilement et bien des choses en découleront.

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 10:40

Si l'on commence le yoga tardivement, on bien si l'on n'est pas très souple, cette façon de travailler la pince en dynamique peut être une aide précieuse! On pourra ensuite prendre la version statique puis tenter d'y rester un petit moment, quelques secondes pour commencer, et allonger le temps au fil des semaines, des mois ou des années, suivant la progression de chacun.

 

 

Description, généralité :

C’est l’une des grandes techniques pour stimuler  l’énergie vitale, Ojas.

Sa traduction signifie : étirement de   l’Est.

Pashima : de l’est –

Attana : étirement.

Asana : posture

 

Cette technique est abordée en dynamique, parce que dans un premier temps, c’est plus facile de la pratiquer ainsi. En  fin de technique, une prise de la position en statique sera faite pour commencer à s’habituer un peu à la posture. Elle est l’une  des postures que tous les textes traditionnels citent comme étant l’une des postures essentielles.

 

Un peu comme pour Dandasana, il faut synchroniser et associer souffle et mouvement.

Il est important de trouver l’immobilité   dans le mouvement  d’où la concentration dans l’un des centres, soit à la base dans Muladhara, ou encore dans Ajna. Il est possible aussi de se concentrer dans l’axe.

 

But : C’est donc l’une des grandes postures de la stimulation de l’énergie.

 

Faire la posture :

 

1ère phase : en dynamique

 

S’allonger et fermer les yeux. Visualiser l’axe, bien dans le dos, et l’espace mental.

Se concentrer quelques instants sur le souffle. Puis fixer son attention soit dans Ajna (dans le front) soit à la base (dans le Muladhara) soit dans l’axe, et ne plus quitter cette visualisation pendant toute la technique. C’est très important, toujours dans ce but d’imposer un cadre au mental. Pensez aussi au :

-Mulabandha

-Mettre la pointe de la langue sur les dents du haut et si possible ne plus la bouger

 

  1. Vous expirer sans bouger - Inspirer et porter  les bras vers l’arrière- En expirant se redresser, poser les mains sur les cuisses, le dos arrondi, remonter. A la fin  de l’expiration, vous êtes à peu près à la verticale.   
  2. Là, inspirer, redresser  le dos- Expirer,  attraper  les orteils ou les chevilles, ou les mollets suivant, et  rester à  poumons vides quelques instants.
  3. Puis : inspirer, remonter la colonne droite -Expirer, reposer tranquillement la colonne au sol, les bras le long du corps.

 

Cela fait un cycle. Répéter 3, 5, 7, 9 ou 11 fois ce cycle.

 

La dernière fois, sur l’expiration vous resterez dans la posture de la pince, pieds ou mollets attrapés par les mains, et le corps le plus près possible des cuisses.

 

 

2ème phase : en statique  (que l'on peut enchaîner à la première phase quand on commence à être à l'aise dans celle-ci)

 

Dans cette posture, vous allez faire des souffles en allongeant le souffle si possible sur le rythme : 1 temps pour inspir, 2 temps pour l’expir, et en incluant de petites pauses à vide.

Si vous êtes vraiment déjà très à l’aise, vous pourrez essayer le rythme : 2 comptes à l’inspir, 8 de retentions, puis 4 d’expiration que je vous proposerai en version audio avancée.

 

Durée de la deuxième phase : 1 minute à 5 minutes.

Si tenir une minute au début est trop difficile, au début, commencer par faire 3 souffles. Le temps s’allongera de lui –même peu à peu. A chaque fois rajouter simplement un souffle ou deux et voyez un peu à chaque fois comment vous pouvez gérer la position et le souffle en gardant à l’esprit qu’il faut «  faire un effort » mais sans «  acharnement ». Le juste équilibre entre volonté et bien-être !

 

A la fin du dernier souffle,  vous inspirez, vous vous redressez. Puis expirez, arrondissez le dos, et reposez la colonne.  

La, comme toujours, vous Garder un espace d’observation, pour être dans le ressenti,  pour savourer une minute à la fin de la technique.

 

Mantra : vous pouvez entendre le son RAM à l’inspir et OM à l’expiration

Si vous faites des rétentions à plein, continuez d’entendre le son Ram comme si toute l’énergie de la colonne se répandait dans le corps énergétique.

 

Bienfaits physiques 

 

  1. Donne beaucoup de dynamisme, et une sensation de clarté mentale
  2. Assouplit le corps, notamment les jambes et la colonne.
  3. Stimule le foie, le pancréas, les riens, le système digestif
  4. Bon pour ceux qui ont de l’asthme.

 

Autres bienfaits

 

  1. Favorise la fermeté mentale, l’intériorisation.
  2. Développe la patience et le lâcher-prise.
  3. Eveille puissamment l’énergie si elle est tenue longtemps

 

Partager cet article
Repost0
7 janvier 2023 6 07 /01 /janvier /2023 10:14

La posture du demi-cheval, ou cheval  ou posture du cheval fou qui hurle dans le vent

 

C’est une extraordinaire posture pour pacifier tous les vents du cakra du cœur, grand carrefour où se croisent tous les vayus.

 

Le cakra du cœur est le  siège de l’ego, de la personnalité. Métaphoriquement, le cheval se trouve pris dans les vents incessants des évènements qui se succèdent tout le long du jour et de la vie.

La posture permet d’apaiser ces énergies furieuses du cœur et qui anime l’ego et la personnalité et/ou de les transformer.

Cela va passer par un travail sur le souffle qui de grossier, physiologique, va devenir subtil ce qui est très difficile car au départ le souffle et son rythme sont courts, il est difficile d’installer le 4 16 8.  Il y a là un superbe travail d’alchimiste à faire.

 

Le cheval : c’est aussi une posture d’énergie (lié à la libération du souffle) qui fait partie des Urdva Retas, c'est-à-dire qui stimule celle-ci dans sa verticalité.

 

 La vidéo vous propose trois façons de faire : le demi-cheval, en principe accessible à la plupart des gens, le cheval, beaucoup plus difficile, et une version aménagée pour les personnes qui ne peuvent pas faire le demi-cheval. Une fois installé, il faut rechercher l’immobilité. Comme toujours, Mulabandha, yeux fermés qui fixent un point, langue immobilisée.

 

 

Physiologiquement :

  • Elle ouvre les hanches
  • Bénéfiques : rien et surrénales
  • Meilleur endurance cardiaque
  • Fortifie la colonne vertébrale et la libère (même des nœuds anciens)
  • Pratique personnelle : très important : stabilise vraiment tout ! Et rend la vie plus paisible
  • A tous les niveaux, on a intérêt à travailler cette position

 

 

Durée : Quand on débute, on la tient deux minutes par côté, puis on allonge un peu à chaque fois de quelques secondes.

 

Pour les mantras : son om / Ham Sa

 

Place dans une séance : quand on travaille sur le cakra du cœur.

 

 

Partager cet article
Repost0
30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 11:15
Se mettre au yoga en 2023 !  C'est décidé :  je m'y mets!

 

 

Parmi toutes les décisions et résolutions que vous avez la ferme intention de prendre pour 2023, il y a celle de  vous mettre au yoga mais un emploi du temps déjà bien chargé ? Avez-vous pensé à l’enseignement par correspondance ? Quoi, direz-vous, faire du yoga sans professeur ? Impossible !

Avant de continuer cet article, je vous invite déjà  à lire ceci !

 

Je pratique le yoga depuis plus de 35 ans et je l’enseigne par correspondance depuis plus de dix ans. Et cela fonctionne ! J’ai déjà formé de nombreux professeurs mais j’ai aussi parmi mes «  élèves » toutes sortes de personnes : par exemple, celles qui n’ont pas forcément le temps de se rendre en salle ; celles qui veulent pouvoir en faire plusieurs fois par semaine ; celles qui  ayant commencé tard, trouvent bien pratique d’avoir un yoga qui s’adresse  à elles  à travers une série de cours évolutifs, bien adaptés à leur condition physique ; celles qui n’aiment pas les cours collectifs ; enfin, celles qui se sont déjà formées ailleurs mais sont intéressées par la philosophie des écoles tantriques ( recherche de l’union de la  conscience et énergie à travers les asanas, les mudras et les souffles, la méditation)

Quel que soit votre niveau, vous trouverez forcément parmi toutes les formations que je propose celle qui vous convient.

 

  • Sur 4 ans : la plus complète qui demande une pratique quotidienne d’au moins 1 heure.
  • Sur 2 ans : le programme est le même, mais cette formation est moins exigeante en temps et en investissement personnel.
  • Pour seniors : en 12 séries de cours (environ sur 1 ou 2 ans)
  • Post-formation : pour tous ceux qui pratiquent déjà, enseignent, mais veulent découvrir une autre école de yoga bien loin des préceptes de Patanjali.

 

A toutes ces formations s’ajoute la formation en yoga Nidra, que je suis seule à proposer dans une forme aussi complète.

 

Vous trouverez tous les renseignements sur mon site.

Alors, pourquoi attendre ?

 

Et puis, n’hésitez pas à me contacter !

 

Vous trouverez sur ma chaine Youtube des vidéos qui vous donneront une petite idée de l’école à laquelle je me rattache.

 

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2022 2 20 /12 /décembre /2022 18:31
Le yoga nidra : faire du yoga autrement

 

 Le yoga nidra : faire du yoga autrement

 

1. Qu’est-ce que c’est ? Généralités simples

 

Ce yoga appartiendrait à la voie du yoga tantrique, celui des  Nātha-Yogin.  Qui sont-ils ? Lilian Silburn nous en fait un portrait dans son ouvrage sur la Kuṇḍalinī :

« Comme ils se désignent eux-mêmes du nom de  Śivagotra, les Nāthas sont des Śivaïtes. Pour eux, Śiva, pure conscience, jouit de la quiétude et de l’éternité, tandis que Śakti, son énergie, est à la source du changement ainsi que de l’expérience variée qui s’y attache.  Les Nāthas  visent à se libérer durant la vie. Les mesures prises en ce but sont simples. ( …) Ils insistent uniquement sur une voie directe aussi brève que possible, celle que découvre le mystique en lui-même et jusque dans son propre corps, lieu privilégié de l’expérience, que celle-ci concerne la divinité, l’énergie ou l’univers. »
 

Si le verbe « appartiendrait » est au conditionnel, c’est qu’il n’existe aucune preuve écrite malgré les affirmations que l’on peut trouver disséminées ici ou là, au gré des écrits, que cette branche du yoga vienne uniquement de cette tradition. 

 

Nidrā, en sanskrit, c’est le sommeil. Le Yoganidrā  désigne une pratique de yoga dans un état de sommeil, sachant que celui-ci se divise, au-delà de la veille (Jāgrat),  en sommeil avec rêve (Svapna) et en sommeil profond (Suṣupti). Au-delà de ces trois états, on trouve Turīya et Turīyātīta dont je parlerai plus loin.

 

Est-il possible de faire du yoga en dormant ? Bien sûr, faire du yoga sous-entend que le pratiquant vise l’union du soi avec le Soi dans lequel il se dissout. Une fois cette définition posée, on peut reposer la question et y répondre simplement : un yogi réalisé garde dans le sommeil profond, Suṣupti, un fil de conscience pur ; mais pour le reste des mortels, c’est impossible puisqu’à l’état de veille, ce fil est déjà à créer.

Mais cela n’empêche pas de « s’exercer » à yoga Nidrā : la pratique se fait  alors non pas dans le sommeil profond, mais dans un espace entre d’eux, entre veille et sommeil, c'est-à-dire dans cette phase qui est l’endormissement et qu’il faut maintenir tout le temps de la pratique.  Il n’est d’ailleurs pas rare que les premiers temps, les pratiquants s’endorment pour de bon… mais ce n’est pas grave car cet entrainement à garder le fil dans l’entre-deux délivrera une immense saveur : Rasa. S’il est un peu attentif, le pratiquant observera que sa pratique s’affine et change sans que pourtant rien ne change, et peut-être découvrira-t-il aussi  une vastitude qui l’englobe et le dépasse tout à la fois. Sans doute   la qualité de son sommeil deviendra-t-elle plus sattvique, c'est-à-dire que ses nuits seront plus claires, plus lumineuses, moins chargée de tamas, cette force d’inertie qui fait que le matin il est difficile de se « réveiller », ou de rajas qui rend le sommeil agité. Il comprendra également beaucoup mieux toutes les couches qui le composent (corps énergétique et mental et leurs liens avec le corps physique) et peu à peu une métamorphose profonde, intérieure s’opérera un peu à la façon d’un oignon qu’on pèle feuille par feuille.

 

S’exercer à  yoga Nidrā  permet donc dans un premier temps, à travers tout un tas de techniques aussi ludiques que variées, de tenter de maintenir le fil de conscience dans l’état de veille, Jāgrat, c’est à  dire tout le long du jour, et à emporter ce fil de conscience aussi loin que possible dans l’état du sommeil avec rêves, Svapna. Car avec de l’entraînement, le pratiquant parviendra parfois ou souvent, suivant, à  y emporter ce fil de conscience : il saura qu’il rêve et pourra peut-être même se dédoubler pour suivre son rêve ou l’induire dans telle ou telle direction.

 Pour éclairer ces propos, voici ce que dit Sri Anirvan : 

  « Comment conserver cette sensation de soi vivante dans le sommeil ? Le premier effort à tenter est d’entrer consciemment dans le sommeil en restant dans une sensation très subtile de soi, sensation qui persistera bien au-delà de l’état de conscience ordinaire sombrant dans la lourdeur du sommeil pour n’être plus qu’une vibration de vie dont le processus est rigoureusement connu. Au réveil le processus inverse se produit, cette vibration se déroulera pour animer la sensation de soi, longtemps avant le réveil du corps. »

 

En yoga Nidrā, le centre du cœur, le cakra Anahata, joue un rôle essentiel : c’est un grand carrefour où tout se joue, et c’est par ce centre qu’il est possible de garder le fil de conscience au-delà de l’endormissement. De nombreuses techniques permettent cet entraînement.

 

 

2. Mais peut-être faut-il commencer à expliquer ce qu’est la conscience ?

 

Ce qu’on pense être la conscience « en général » n’a rien à voir avec les réelles prises de conscience qui existent et s’affinent lors de tout travail spirituel.  On pense être conscient et pourtant à aucun moment, on est réellement l’observateur « indifférent » de sa propre vie. Si tel était le cas, malheur et bonheur auraient la même saveur. Pour la plupart des gens, la conscience se résume à être conscient « à travers les sens », pour mieux savourer «  l’instant présent ». Ils apprennent donc à se concentrer avec attention sur la vue, le toucher, l’ouïe, le goût, l’odorat. C’est ce qu’ont bien compris tous les ateliers de développement personnel et de pleine conscience, très New Age, qui fleurissent abondamment à travers le monde.

Mais comble d’ironie, paradoxe suprême, quand on fait du yoga,  ces portes qu’ouvrent les sens sur le monde extérieur doivent précisément être refermées pour ensuite disparaître complètement… Sinon, comment le témoin qui veille en chacun de nous, impassible, indifférent au monde, pourrait-il se révéler ? C’est lui qui peut permettre la découverte du Soi. Hatha yoga et yoga Nidrā poursuivent tous deux ce même but, mais avec des moyens différents, on l’aura compris. Ce « spectateur »  n’est bien sûr pas le  « Je » courant, commun, celui de Descartes, qui utilise le cerveau pour penser «  Je suis. »

 

Pour comprendre qui est ce Je, écoutons Maharshi :

 

« Il n’y a qu’une seule conscience qui subsiste dans les trois états de veille, de rêve et de sommeil profond. Dans le sommeil profond, il n’y a pas de « je ». La pensée «  je »  - et non le Je - s’élève au moment de l’éveil, et alors le monde apparaît. Où était ce « je » pendant le sommeil ? Existait-il ou n’existait-il pas ? Il devait bien exister, mais pas de la façon dont vous le ressentez maintenant. Le « je » de l’état de veille n’est que la pensée «  je », alors que celui du sommeil profond est le vrai » je » qui ne cesse pas d’exister. C’est la conscience. Si vous la connaissez, vous verrez qu’elle est au-delà de toute pensée.  ( …)

 « Je » rejette l’illusion du « je » et cependant demeure en tant que « Je ». Tel est le paradoxe de la réalisation du Soi. Ceux qui sont déjà réalisés n’y voient aucune contradiction. Prenez la bhakti. Je m’approche d’ Īśvara et je prie afin d’être absorbé en Lui. Je m’abandonne dans la foi et le recueillement ; que reste-t-il après ? A la place du « je » initial, ce qui subsiste après l’abandon total de soi même est Dieu, dans lequel le « je »  s’est dissous. C’est la plus haute forme de dévotion (para bhakti ou Prapatti), l’abandon total ou le niveau suprême de Vairāgya.

Vous renoncez à telle ou telle chose qui fait partie de «  vos » possessions. Si au lieu de cela, vous renoncez au «  je » et au « mien », tout est abandonné d’un seul coup. Le germe de la possessivité a disparu. Le mal est alors écrasé avant même d’avoir pu éclore ; pour parvenir à ce résultat, le non-attachement doit être très fort. La volonté de parvenir doit être comparable à celle d’un homme que l’on maintient sous l’eau et qui s’efforce de revenir à la surface pour survivre. Votre effort est une condition sine qua non. Et il n’est guère besoin d’aide, guru ou iṣṭadevatā, pour le faire ! »

 

 

Le yoga Nidrā n’est donc ni de la relaxation, même si celle-ci est un pré-requis indispensable,  ni de la sophrologie (même si celle-ci s’est considérablement nourrie de lui pour en faire une technique capable de réduire la souffrance psychologique, ce qui n’est pas le but du yoga) ni du développement personnel.

 

 

 

 3. Śavāsana : devenir le cadavre.

 

Les techniques de Nidrā sont nombreuses et la plupart habituent le pratiquant à entrer en « pré » Nidrā, c'est-à-dire dans cette zone entre-deux, et cela doit devenir naturel et aisé,  quelle que soit la posture, la position du corps, ou même en caricaturant un peu, la situation dans la vie : debout, allongé, assis, en méditation, au milieu d’une foule, dans le bruit, dans le métro, chez le dentiste, etc.… des concentrations, souffles, visualisions, mantras, sont proposés dans les techniques d’entrainement comme en hatha yoga pour s’habituer à glisser rapidement dans l’entre-deux sans que cela prenne trop de temps. Malgré tout, la posture du cadavre, celle dans laquelle le corps devient comme de pierre au point qu’on finit par l’oublier, est sans doute la plus utile. Mais devenir le cadavre, c'est-à-dire parfaitement immobile et dans le non-souffle, et y rester une heure, demande un entraînement progressif et patient qui peut prendre quelques années.

Pour devenir śavāsana, on trouvera dans bien des livres la fameuse « rotation de conscience », ce qui semble là encore, une bien étrange compréhension du yoga Nidrā : la conscience ne peut pas «  tourner » puisqu’elle est au-delà du mental ; il serait plus juste de parler de concentration portée tour à tour sur différentes parties du corps ; cela n’a l’air de rien, mais c’est ainsi qu’on arrive aujourd’hui à parler de méditation de pleine conscience, ce qui, en regard du yoga, ne veut absolument rien dire du tout.

Une fois l’immobilité du cadavre atteinte et le souffle devenu subtil, voici quelques propositions faites cette fois-ci par Sri Anirvan :

 

« 1) Je peux ressentir une partie du corps, comme la colonne vertébrale, et laisser la sensation vibrante, comme un « toucher subtil », me conduire vers une immobilité encore plus vaste.

2) Ce « retrait des sens » favorise alors une meilleure qualité de concentration sur un support intérieur plus subtil, comme un centre ou un flux d’énergie particulier. Le jeu des membres du yoga ne cherche qu’à suspendre la pensée pour nous ouvrir à l’Inconnu, en conjuguant la plus grande vigilance possible à la relaxation et la tranquillité la plus profonde.

3) En même temps, imaginez que vous êtes Nārāyaṇa couché dans son repos éternel, et laissez se répandre en vous le sentiment que cette visualisation fait surgir. Vous ne reposez pas sur votre lit, mais sur l’Océan infini primordial de lumière ;

4) Sur cet Océan, votre colonne vertébrale flotte, chargée d’électricité.

5) Maintenant, amenez toute votre conscience dans votre cœur ; de là, imaginez qu’elle s’élève en un courant de sensation ineffable jusqu’au centre de la gorge, puis à celui du front et enfin, à travers la couronne de la tête, jusque dans le Vide. Au-dessus, au-dessous, à droite, à gauche, il n’y a plus que le vide total d’un ciel infini et sans support. De là, la Mère, sous la forme du sommeil yogique, descend dans votre cœur pour remonter ensuite vers le ciel, dans la conscience située au-dessus de la tête. C’est Pratyāhāra et Dhāraṇā. Par cette pratique, il est possible de transformer votre sommeil. »

 

 

 

4. Yoga Nidrā  et méditation : la même chose ?

 

Les propos de Maharshi nous révèlent que cette pratique a des points communs avec la méditation car méditer n’est pas une action, mais un état qui se produit lors de la bascule dans le vide où tout se suspend, le souffle, la pensée ; une unité s’opère dans laquelle le Soi peut apparaître, c'est-à-dire cette conscience dont nous parle Maharshi un peu plus haut. Etre en méditation ou en Nidrā est au fond la même chose ; la « quête » est la même, même si dans les deux cas, il ne faut rien rechercher, rien faire, juste accueillir. Faire dans le non-faire. Et là encore, ce n’est pas du « lâcher-prise », mais une des voies du yoga où l’acte n’est pas menée par l’individu, mais où l’individu laisse l’acte se dérouler à travers lui.

Il est possible à toute personne qui est en méditation de basculer même fugitivement dans une sorte de vide qui s’apparente au sommeil profond. Les choses se dérouleront auparavant comme avant d’entrer dans le sommeil : le mental se déconstruit, sorte d’entrée en Svapna mais consciemment, puis le vide est là.

Si cet état apparaît, il est alors possible de s’allonger en śavāsana en maintenant cet état pour tenter de sombrer dans le sommeil profond en gardant le fil de conscience.

Il est même ensuite possible de se remettre en assise et de continuer la méditation qui finalement, ne s’est jamais interrompue, c’est juste la position du corps qui a changé. Les cycles s’effectuant sur au moins un (le ghaṭikā est un pot à eau pour mesurer le temps, sorte de clepsydre dont la durée est d’environ 23 minutes.)

Quand bien même la conscience vacillerait, comme la flamme d’une bougie, cet entrainement laisse des empreintes extrêmement profondes tout au long de la journée et également dans le sommeil.

Sans même atteindre «  l’éveil », l’état quatrième Turīya, qui permet à la conscience de s’unir au Soi, ou cinquième, Turīyātīta, dans lequel celle-ci reste en union perpétuelle avec le Soi même si le yogi n’est plus en méditation et quoi qu’il fasse au quotidien, le pratiquant accueille ponctuellement une vibration qui peut changer sa vie pour toujours.

Car il découvre, sans doute, qu’il est comme un personnage d’une lanterne magique, projeté dans le grand théâtre d’ombres de l’univers, mais il ne s’identifie plus à l’image, démultipliée à l’infini par les milliards d’individus qui peuplent la Terre, mais il réalise qu’il est  la Lumière qui projette l’image.

 

 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Je propose une formation par correspondance en yoga nidra

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 10:44

Cette séance " compile" en 20 minutes  :

  1. uddyana-bandha
  2. Talasana
  3. Parighasana
  4. Marjariasana
  5. Viparita karani mudra
  6. Nadishodana en version de base
  7. Concentration/Relaxation

 

Vous trouverez la plupart de ces techniques expliquées et/ou guidées sur ma chaîne YouTube.

Alors, bonne pratique!

Partager cet article
Repost0